L'ECAB face à la hausse des dangers naturels
Entre intempéries, inondations et incendies, l'ECAB est de plus en plus sollicitée. Interview avec Patrice Borcard, son directeur.
La Télé: Patrice Borcard, depuis maintenant plusieurs semaines, le canton fait face à des inondations qui poussent plus de sollicitations auprès de l'ECAB.
Patrice Borcard: Nous avons eu 600 cas depuis début novembre, essentiellement pour des inondations. Ces événements naturels sont de plus en plus importants. Paradoxalement, pour le canton de Fribourg, ce sont les incendies qui ont plus chargé l'ECAB. Nous avons 30 millions de coûts de sinistre pour cette année 2023.
Et pourtant, on parle d'une augmentation des catastrophes naturelles. Est-ce le cas aussi cette année?
Oui, environ 3'000 cas ont été annoncés auprès de l'ECAB. Ils ne coûtent pas tous cher, mais on note une augmentation depuis 10 ans. C'est aussi la preuve de ce changement climatique qui nous touche directement. Nous devons changer nos comportements et opter pour une prévention plus forte.
Face à ces crises, on imagine qu'il y a beaucoup plus de travail pour l'ECAB. Comment gère-t-on les dossiers à court terme?
Nous avons mis en place une cellule d'urgence depuis quelques mois, avec notamment plus d'experts sinistres professionnels qui vont directement sur le terrain. Ils nous permettent d'être plus habiles pour gérer ces situations et pour avoir une égalité de traitement. On s'habitue à ce taux d'événements naturels toujours plus élevé, donc c'est probablement la ligne que suivra l'ECAB dans les prochaines années.
Face à cette récurrence, est-ce qu'il est possible que les assurances cantonales des bâtiments décident de ne plus couvrir les sinistres?
C'est le cas en Californie, par exemple, spécialement à cause des incendies de forêt qui déciment des maisons. Nous n'en sommes pas là et nous sommes conscients des risques que nous courons à cause du réchauffement climatique. Notre souci est plutôt de mettre en place une prévention parce qu'elle est très importante.
Comment est-ce qu'on met en place cette prévention?
Il faut, dans les prochaines années, instaurer une culture du sinistre, de manière que les comportements se transforment et qu'on prenne conscience du danger. Un exemple : à Bulle, en 2021, nous avons eu 6'000 cas, pour 110 millions de francs, en 8 minutes de grêle. On sait aujourd'hui qu'il existe des techniques pour permettre aux stores de se lever automatiquement, tout comme il existe des techniques pour fermer certains accès souterrains lors d'inondations. En travaillant sur ces technologies, on pourra atténuer les dégâts. Bien sûr, on n'arrêtera ni la grêle, ni les orages, mais on peut travailler sur la prévention en amont.
Et sur le front des incendies, que peut-on faire au niveau de la prévention?
Nous n'avons pas eu de chance cette année. Sur les 25 millions de francs qu'ont coûté les incendies dans le canton, 7 d'entre eux ont causé 17 millions de dégâts. C'est un hasard, cela ne correspond pas à la courbe que nous avons. Aujourd'hui, la réforme de la structure des pompiers est efficace et le système fonctionne. Mais, on ne pourra pas abolir tous les incendies, c'est tout simplement impossible. Il est clair que pour l'ECAB, l'attention sera portée surtout sur les dangers naturels.
Une dernière chose, est-ce qu'il faudra s'attendre à une hausse des primes de l'ECAB en 2024?
Le Conseil d'administration a pris la décision la semaine passée, il n'y aura pas de hausse du taux des primes. Il faut être conscient que c'est un sacré défi pour nous. Avec une augmentation des coûts, on risque d'aller dans cette direction, mais on fera tout pour éviter l'augmentation.




