En direct de...la cabine d'un train TPF

Chaque jour, 155 trains s'arrêtent en gare de Fribourg. Et une centaine de conducteurs ont la mission d’amener les passagers à bon port.

Nicolas Nourdin a décidé de changer de vocation à l'âge de 30 ans. Il est conducteur de train depuis 5 ans. © RadioFr

Il est 11h34: le train quitte Fribourg pour Broc-Chocolaterie. Nous embarquons et traversons le convoi pour nous installer non pas en 2e classe, ni en 1ère, mais dans la cabine du conducteur. 

Ce jour-là, ils sont deux dans la cabine, sécurité oblige: l'un pour conduire le train et Nicolas Nourdin pour répondre à nos questions. Ils font partie de la centaine de personnes qui conduisent les trains des transports publics fribourgeois. 

Les coulisses d'un départ

À première vue, on pourrait croire qu’un conducteur de train se contente de pousser une manette. La réalité est tout autre. "Ce n’est pas autonome. On a des appareils qui indiquent vitesses et horaires, on doit surveiller les signaux extérieurs commandés par le chef de circulation, et on reste attentif au système de sécurité embarqué. Trois éléments à gérer en permanence", explique Nicolas Nourdin.

Le timing, lui aussi, est une affaire de précision. Une pause écourtée, un incident rapidement résolu, et quelques minutes de retard peuvent être rattrapées. " Les voyageurs ne s’en rendent pas compte, mais derrière, c’est le rush. Dès que c’est possible, on libère la voie. "

Des imprévus parfois insolites

Un train peut s’arrêter pour des raisons inattendues: des animaux sur la voie, comme des moutons échappés ou des canards traversant les rails. "On ralentit, on laisse passer, et dès que tout est sécurisé, on reprend. " Plus dangereux, certains obstacles exigent un protocole strict. Le conducteur se souvient: " Une fois, une voiture agricole est restée coincée sur un passage à niveau. J’ai eu le temps de freiner. Mais pour rouvrir les barrières, il faut suivre toute une procédure. Résultat: cinq à six minutes de retard. "

Avec l’augmentation du nombre de trains, les marges sont de plus en plus serrées: " Dès dix minutes de retard, un train peut être supprimé. On doit aller vite pour rétablir la situation", explique Nicolas Nourdin.

Derrière la vitre de la cabine, la pression est réelle: des dizaines, parfois des centaines de passagers dépendent de la conduite. " On essaie d’être souple dans les arrêts pour ne pas secouer les voyageurs. En sécurité, on pense à tout le monde : à nous, à eux, à l’ensemble du trafic."

Changement de voie

À 30 ans, après plusieurs années dans le bâtiment, Nicolas Nourdin décide de se reconvertir. Le métier de conducteur de train s’impose presque par hasard, au détour d’un chantier, grâce à un collègue. "Je n’y avais jamais pensé. Mais je me suis dit: pourquoi pas? J’ai suivi la formation, et voilà comment je suis arrivé conducteur de train. "

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le conducteur n’a pas grandi avec ce rêve. " Je voulais quitter le bâtiment, trop pénible physiquement. J’ai découvert un métier passionnant, que j’adore. Mais ce n’était pas un rêve d’enfant. "

Son fils, en revanche, trouve ça extraordinaire. "Quand il est à la crèche, il est fier de dire à ses copains: c’est mon papa qui conduit. Chaque fois que je peux, je lui fais signe en passant à Broc. "

Notre reportage:

RadioFr. - Lauriane Schott
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