Encore des violences à Ballymena, en Irlande du Nord

La ville nord-irlandaise de Ballymena a connu une nouvelle soirée de tensions mercredi, avec plusieurs centaines de personnes descendues dans la rue, après deux jours de violences visant des immigrés. La police avait été déployée en nombre.

Une fusée éclairante jaune fume après avoir été lancée sur la police par la foule à Ballymena, en Irlande du Nord, alors que les gens protestent contre une agression sexuelle présumée dans la ville de Co Antrim, mercredi 11 juin 2025. © KEYSTONE

Malgré les appels au calme des dirigeants de la province, la police antiémeute a fait face dans la soirée à des jets de cocktails Molotov et autres projectiles, auxquels elle a répondu avec des canons à eaux, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cela fait trois jours que la ville, située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Belfast, est confrontée à des heurts, qualifiés de violences "racistes" par la police et "d'attaques insensées" par le premier ministre britannique Keir Starmer.

Ces violences se sont également propagées à d'autres localités mercredi. Un centre de loisirs a notamment été incendié à Larne, localité située à une trentaine de kilomètres à l'est de Ballymena. Selon les médias locaux, ce centre avait temporairement accueilli la veille des personnes qui avaient besoin d'un hébergement d'urgence du fait des violences.

Tentative de viol

Ces heurts ont éclaté lundi après l'inculpation de deux adolescents de 14 ans pour la tentative de viol d'une jeune fille. La police, qui évoque des violences "motivées par des considérations raciales", n'a pas communiqué sur l'origine des deux suspects. Selon les médias britanniques, ils se sont exprimés par l'intermédiaire d'un interprète roumain lors de leur comparution lundi au tribunal.

En deux jours, 32 policiers ont été blessés, tandis que six personnes ont été arrêtées. L'une d'elles a été inculpée pour troubles à l'ordre public, a déclaré mercredi un responsable de la police. Les forces de l'ordre ont fait appel à des renforts du reste du pays en prévision de nouveaux heurts.

S'exprimant evant le Parlement mercredi, Keir Starmer a dit condamner "fermement" les violences des jours précédents.

Mardi soir, des centaines d'individus avaient pris pour cible des habitations et commerces et jeté des briques, fusées et cocktails Molotov sur la police. Des incidents plus sporadiques ont aussi eu lieu dans d'autres villes notamment à Belfast, Carrickfergus et Newtownabbey, mardi, et Coleraine, mercredi.

Roumains "spécifiquement ciblés"

Les représentants du gouvernement nord-irlandais, composé de quatre partis politiques et dirigé par l'élue républicaine du Sinn Fein Michelle O'Neill, ont condamné mercredi ces "violences à caractère raciste" et lancé "un appel urgent au calme".

Ces émeutes ont notamment visé des zones où vivent des immigrés roumains à Ballymena. "Ce sont les Roumains qui sont plus spécifiquement ciblés", estime ainsi Nicola Guy, une habitante de Ballymena âgée de 42 ans, résidant non loin d'une maison incendiée qui était habitée par une famille de Roms.

"Nous envoyons le message que Ballymena en a assez des étrangers", a déclaré mercredi soir à l'AFP Allison McCurdy, 52 ans, une habitante.

Les premières violences ont éclaté lundi soir à l'issue d'un rassemblement en soutien à la jeune victime de la tentative de viol présumée et à sa famille.

La province avait déjà été secouée l'été dernier, comme d'autres endroits du Royaume-Uni, par des émeutes anti-immigration. Elles avaient été déclenchées par les meurtres de trois fillettes dans une attaque au couteau, dans le nord-ouest de l'Angleterre, après la diffusion en ligne de fausses rumeurs sur l'origine de l'assaillant.

ATS
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