Enième cessez-le-feu au Soudan

Un cessez-le-feu est entré en vigueur samedi matin au Soudan. Les habitants ont toutefois peu d'espoir de le voir appliqué après de nombreuses trêves violées en bientôt deux mois de conflit qui a conduit à une grave crise humanitaire.

La guerre a déjà fait plus de 1800 morts et deux millions de déplacés et réfugiés. Et la situation humanitaire ne cesse de se détériorer (image d'illustration). © KEYSTONE/AP

Les camps des deux généraux en guerre ont accepté une trêve de 24 heures, à partir 06h00 (locales et suisses), avait annoncé vendredi le médiateur saoudien, qui accueille depuis des semaines des négociations entre les belligérants. D'après des témoins, la situation semblait calme en début de matinée dans la capitale Khartoum.

"Une trêve d'un jour est la moindre des choses à laquelle on aspire. On a hâte d'en finir avec cette foutue guerre", a déclaré à l'AFP Mahmoud Bachir, un habitant du quartier de Bahri.

Issam Mohamed Omar, qui habitait dans le centre de Khartoum et a fui à Omdourman, la ville jumelle, veut le départ des paramilitaires. "Pour moi, une trêve qui ne chasse pas les FSR de la maison dont ils m'ont chassé il y a trois semaines ne sert à rien", dit-il, alors que de nombreux habitants ont dénoncé la mainmise des FRS sur des logements.

Favoriser l'aide humanitaire

Il s'agit d'un énième cessez-le-feu dans cette guerre déclenchée le 15 avril entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Les parties se sont engagées à cesser les violences dans tout le pays pour permettre "l'arrivée de l'aide humanitaire", selon le ministère des Affaires étrangères saoudien.

Le commandement général des forces armées a toutefois déclaré qu'il se réservait le "droit de répondre à toute violation que les rebelles pourraient commettre". De leur côté, les paramilitaires ont "réitéré" leur "plein engagement en faveur du cessez-le-feu".

"Difficile"

Le spécialiste du Soudan Aly Verjee, de l'université de Gothenburg en Suède, ne voit guère comment cette trêve pourrait tenir plus que les autres: "c'est difficile de voir qu'une trêve reposant sur les mêmes critères (qu'avant), surtout d'une si courte durée, aboutira à un résultat sensiblement différent. Cela dit, même une diminution de la violence serait la bienvenue pour ceux qui vivent sous les tirs."

La guerre a déjà fait plus de 1800 morts, selon l'organisation ACLED, spécialisée dans la collecte d'informations dans les zones de conflit, ainsi que deux millions de déplacés et réfugiés selon l'ONU. Et la situation humanitaire ne cesse de se détériorer.

"Si les parties ne respectent pas le cessez-le-feu de 24 heures, les médiateurs devront envisager d'ajourner les discussions de Jeddah", ont prévenu les médiateurs saoudiens et américains qui supervisent des négociations depuis des semaines.

Ryad avait déclaré la semaine dernière chercher avec les Américains à "poursuivre les discussions" pour parvenir à un cessez-le-feu "effectif", après que les négociations ont été officiellement suspendues.

ATS
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