Etats-Unis: le marché de l'emploi se dégrade
Le marché de l'emploi aux Etats-Unis a continué de se dégrader au mois de septembre, avec une progression à 4,4% du taux de chômage, selon les données publiées jeudi.

Les créations d'emplois ont malgré tout progressé plus qu'attendu sur la période, avec 119'000 nouveaux emplois créés, nettement mieux que ce qu'attendaient les analystes, qui prévoyaient plutôt 52'000 créations d'emplois en septembre, selon le consensus publié par MarketWatch.
Ces statistiques auraient dû être publiées mi-octobre mais le "shutdown", qui s'est étiré durant 43 jours, a empêché la moindre publication de données durant la période.
Le département du Travail a d'ores et déjà annoncé qu'il ne sera pas en mesure de publier les données concernées pour le mois d'octobre, les enquêtes n'ayant pu être réalisées du fait de la paralysie.
Son service statistique (BLS) a publié une version actualisée de son calendrier de parution, dans lequel le rapport apparaît désormais comme "annulé".
Le rapport pour le mois de septembre sera donc le dernier publié avant la prochaine réunion de la Réserve fédérale (Fed), prévue début décembre, et durant laquelle son comité monétaire (FOMC) doit déterminer s'il procède, ou non, à une nouvelle baisse de ses taux directeurs.
Les statistiques de l'emploi proviennent de deux enquêtes distinctes, publiées en même temps, l'une réalisée auprès des entreprises, l'autre auprès des ménages, ce qui peut expliquer ces évolutions opposées.
Le BLS en a profité pour réviser les données pour le mois d'août, estimant désormais que 4000 emplois ont été perdus sur ce mois, contre 22'000 créations initialement annoncées, ce qui en fait le deuxième mois de réduction du nombre d'emplois cette année, après juin.
Sur un an, le taux de chômage est passé de 4,1% à 4,4%, près de 700'000 personnes supplémentaires se trouvant sans emploi par rapport à septembre 2024.
La Fed dans le brouillard
La hausse du chômage concerne en particulier des femmes et les personnes d'origine asiatique, qui ont veut leur taux progresser, alors qu'il reste stable pour les personnes d'origine hispanique, afro-américaine et chez les hommes.
En septembre, l'emploi reste soutenu par les secteurs tels que la santé, l'assistance sociale et les services de restauration, alors que la logistique et les emplois publics fédéraux sont en baisse.
Concernant ces derniers, près de 100'000 ont été supprimés depuis janvier, et le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, selon le BLS.
Ces données en apparence contradictoire, avec d'un côté une hausse du taux de chômage mais aussi des créations d'emplois, pourraient pousser un peu plus la Fed à ne pas réduire une troisième fois ses taux, actuellement situés dans une fourchette comprise entre 3,75% et 4%.
En l'état, les responsables de la Fed peinent à jauger de l'état réel de l'économie américaine, du fait du manque de données publiées ces dernières semaines, et de la possible annulation à venir d'autres publications initialement prévues ce mois-ci.
Certains membres du FOMC souhaitent que la Fed poursuive dans la direction d'une baisse, afin de soutenir un marché de l'emploi qui montre de plus en plus de signes d'essoufflement, alors que d'autres, préoccupés par une inflation persistante, préfèrent attendre avant de réaliser une nouvelle réduction.
Le rapport sur l'emploi de septembre envoie dès lors des signaux qui peuvent être vus comme contradictoires, avec une hausse du taux de chômage et des créations d'emplois.
Mais les marchés prévoient de plus en plus que la prochaine réunion se conclura par un maintien des taux à leur niveau actuel, selon l'outil de veille de CME, FedWatch.


