Handicap: le parcours du combattant dans une gare en travaux
En suivant des voyageurs en situation de handicap dans une gare de Fribourg en travaux, une étude a cartographié les obstacles qui parsèment leurs parcours.

S'orienter dans une gare en travaux, entre annonces parfois inaudibles, signalisation de fortune et itinéraires modifiés, relève souvent du parcours du combattant. Pour les personnes en situation de handicap, ce défi peut se transformer en un véritable casse-tête. Voilà le constat d'une étude menée par l'Université de Fribourg.
De janvier à avril 2025, équipés de smartphones et de tablettes, des personnes avec des limitations motrices, sensorielles (vue, ouïe) ou cognitives ont arpenté la gare de Fribourg. Leur mission: documenter chaque information – visuelle, sonore, tactile – nécessaire pour s'orienter. "Nous avons ainsi pu comprendre quelles stratégies ces personnes ont dû adopter pour se repérer dans un environnement en chantier et en profonde transformation", explique Philippe Humbert, chef de projet à l’Institut de plurilinguisme de l’Université de Fribourg, dans un communiqué.
Des obstacles multifacettes
L'étude met en lumière plusieurs écueils, souvent imprévisibles:
- Paradoxe numérique: Si les applications mobiles et la géolocalisation sont une aide précieuse pour certains, pour d'autres, le numérique est "rédhibitoire", souligne l'étude. Exemple : entrer dans les WC sans carte bancaire nécessite de lire des instructions impossibles à réaliser pour certaines personnes malvoyantes ou avec une déficience intellectuelle.
- Surcharge informationnelle: Trouver son chemin impose souvent de consulter plusieurs supports et faire des liens entre les informations. Un trajet au premier abord simple, comme rejoindre les quais de bus depuis les voies CFF, s'est révélé être une épreuve pour des participants.
- Signalétique confuse: Les messages rédigés dans l'urgence, comme pour signaler une panne d'ascenseur, ne permettent pas toujours de trouver un itinéraire alternatif. Dans ces situations, l'aide du personnel est cruciale, souligne l'étude, mais elle n'est pas toujours disponible.
- Obstacles "(im)prévisibles": Même en dehors des chantiers, l'environnement reste semé d'embûches. L'étude relève notamment un panneau posé au milieu d'un trottoir, rendant le passage tout simplement infranchissable pour des personnes à mobilité réduite.
"Les observations effectuées ont permis d’identifier des défis de lecture qui peuvent toucher l’ensemble des usagères et usagers de la gare, avec ou sans handicap", note le communiqué de l'Université de Fribourg.
Pistes concrètes
Face à ce constat, l'étude propose des pistes d'action concrètes. La clé, selon Philippe Humbert, est de "créer des synergies" entre les mondes académique, associatif, institutionnel et celui des transports.
L'étude propose par exemple de créer des formations pour apprendre à trouver et interpréter les informations en gare. Les entreprises de transports publics pourraient aussi engager des personnes en situation de handicap à des postes de communication, ou engager plus de monde pour aider à guider les voyageuses et voyageurs.


