Expérimentation animale: début de campagne

La campagne pour le "oui à l'interdiction de l'expérimentation animale et humaine" est lancée. En vue de la votation du 13 février, le comité insiste sur le fait que les tests sur les animaux sont un "leurre" et donnent "un faux sentiment de sécurité".

La campagne contre l'expérimentation animale est officiellement lancée: pour les initiants, il existe des alternatives (image symbolique). © KEYSTONE/LEANDRE DUGGAN

L'initiative "Oui à l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine – Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès" veut inscrire l’interdiction inconditionnelle de l’expérimentation animale dans la Constitution. Les nouveaux produits développés en recourant à l'expérimentation animale ne doivent en outre plus pouvoir être importés.

Pour les initiants, les arguments éthiques pour l'interdiction de l'expérimentation animale et humaine sont clairs. Mais il existe aussi des arguments scientifiques, car il n'existe aucune sécurité pour les médicaments testés sur les animaux, ont-ils insisté jeudi devant les médias. Leur texte insiste sur le fait que les expérimentations animales sont un leurre et donnent un faux sentiment de sécurité.

Selon eux, 95% des substances médicales qui semblaient prometteuses dans des expériences sur des animaux échouent dans les essais sur l'être humain et ne sont pas autorisées à entrer sur le marché, car trop dangereuses ou inefficaces, a souligné Luzia Osterwalder, co-présidente du comité d'initiative.

Les initiants critiquent aussi le principe des "3R" (pour "replace, reduce, refine", en français "remplacer, réduire, affiner") qui donnent une bonne conscience. Ce principe promeut le remplacement, la réduction et l'affinement des expérimentations animales dans la mesure du possible.

Une "culture du sacrifice"

Les expériences sur l'être humain doivent également être interdites. Selon le comité d'initiative, de telles expériences fournissent des valeurs moyennes vagues. Elles n'offrent donc aucune sécurité.

Les animaux, tout comme des personnes incapables de donner leur consentement, sont aujourd'hui utilisés comme cobayes - indépendamment de leurs intérêts individuels, selon Luzia Osterwalder. Ils sont exposés à la souffrance et donc "sacrifiés".

Enfin, l'initiative exige que la recherche sans expérimentation animale reçoive au moins le même soutien de l'Etat que celui accordé aujourd'hui à la recherche avec expérimentation animale. Selon le comité, il existe suffisamment d'alternatives à cette dernière.

Les initiants ont fait savoir leur scepticisme fondamental à l'égard de la recherche et de la pratique médicales. Regina Möckli, membre du comité de soutien et médecin, a évoqué notamment le scandale de la thalidomide par exemple, utilisé dans les années 1950-1960 sur les femmes enceintes et à l'origine de graves malformations.

Interprétations erronées

Parmi les soutiens à l'initiative populaire figurent environ 80 organisations et entreprises, des représentants du PS et des Verts ainsi que des groupes de protection des animaux et des partis animaliers. La Protection suisse des animaux (PSA) n'en fait pas partie.

Le Parlement a recommandé le rejet de l'initiative sans une seule voix favorable. Le Conseil fédéral la rejette également. Le comité fustige des "interprétations erronées" dans le message du Conseil fédéral.

La recherche sur l'être humain n'est pas synonyme d'expérimentation humaine, tiennent à clarifier les initiants. Ceux-ci ne s'opposent pas par exemple à des tests avec des biomatériaux (tels que des organes) qui ont fait l’objet de dons.

"Il ne s'agit en aucun cas d'une « interdiction absolue de la recherche", poursuivent les initiants. Il existe selon eux de nombreuses possibilités d'en savoir davantage sur les personnes et les patients individuels sans avoir à les maltraiter comme des cobayes: techniques de questionnaire, des observations jusqu’aux expériences avec des déchets biologiques chirurgicaux ou des dons de sang et autres (consentement éclairé requis).

ATS
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