Exposition de la Suisse et du CICR à l'ONU

Les nouvelles technologies constituent des avancées et des menaces pour les civils dans les conflits. En lançant une exposition lundi soir à l'ONU à New York, le président de la Confédération et la présidente du CICR ont alerté la communauté internationale.

La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric, le président de la Confédération Alain Berset et son homologue mozambicain Filipe Jacinto Nyusi ont participé à l'ouverture à l'ONU d'une exposition sur les "dilemmes numériques" pour les civils dans les conflits. © KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE

"Les nouvelles technologies peuvent réduire la charge subie par les civils, a estimé Alain Berset devant son homologue mozambicain Filipe Jacinto Nyusi et de nombreux ambassadeurs. Mais elles apportent aussi de nouvelles menaces comme la désinformation ou la surveillance illicite".

Parfois, l'intelligence artificielle (IA) peut même aboutir à davantage de violences en cas d'utilisation malveillante. Autre problème, le partage de données de civils peut les rendre "davantage vulnérables", insiste le président de la Confédération. La Suisse et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont lancé en 2020 avec l'ONU une initiative sur cette question.

La présidente du CICR Mirjana Spoljaric a elle affirmé que l'application du droit international humanitaire (DIH) aux nouvelles technologies dans les conflits ne pouvait être contestée. Les civils ne doivent être ciblés, ni les infrastructures médicales.

Arrangement numérique pour 2024

La désinformation et les discours de haine "peuvent mettre en danger la sécurité" des individus affectés par une guerre, ajoute Mme Spoljaric. Et d'appeler tous les acteurs, dont le secteur privé, à oeuvrer pour un écosystème numérique plus sûr.

L'exposition confronte les participants aux "dilemmes numériques" auxquels les civils dans les territoires affectés par des conflits doivent faire face. Elle montre que l'implication grandissante de ceux-ci dans les guerres numériques peut avoir un impact à long terme pour des "populations entières".

"Une contribution significative", a dit la secrétaire générale adjointe de l'ONU Amina Mohammed. Elle a remercié M. Berset, qui doit présider mardi un débat de haut niveau au Conseil de sécurité de l'ONU sur la protection des civils, de mettre les défis humanitaires au menu de cette discussion. Elle a rappelé qu'un accord mondial numérique est attendu pour 2024.

Efforts récents au CICR

Il faut "faire mieux comprendre ce que signifie être hacké, surveillé ou victime d'une guerre numérique", a affirmé à Keystone-ATS le responsable de l'exposition au CICR, Philippe Stoll. D'ici juin, un site Internet permettra à tous de faire cette expérience. Une précédente exposition similaire de l'organisation a attiré 100'000 personnes en ligne en deux ans.

Ces dernières années, le CICR a fait face lui-même à des assauts numériques, surtout il y a un an lorsque les indications sur 515'000 bénéficiaires de son assistance avaient été compromises. Il a lancé plusieurs initiatives, dont un bureau pour la protection des données ou une "cyberdélégation".

Il reçoit aussi une aide des Ecoles polytechniques fédérales de Lausanne (EPFL) et de Zurich (EPFZ) dans le cadre d'une alliance, notamment pour évaluer précisément la densité d'une population à aider grâce à l'IA. Cette cyberattaque a aussi augmenté les efforts dans la Genève internationale. Le CyberPeace Institute a établi il y a trois mois un centre de cybersécurité humanitaire.

ATS
...