Fortes chaleurs: les infrastructures suisses mises à mal

Les températures élevées font courir des risques importants aux réseaux électriques ou aux hôpitaux. Inquiétant, selon un expert.

Réseau électrique, EMS ou voies ferrées: il faut analyser quelles sont les infrastructures les plus à risque et s'y préparer, selon une étude d'Impact Living. © KEYSTONE

Des pannes de courant, des serveurs qui surchauffent ou une génératrice de secours d'un hôpital qui ne fonctionne plus. Les fortes chaleurs peuvent mettre à mal les infrastructures suisses. Et ce risque est fortement sous-estimé aujourd'hui, s'inquiète Marc Müller, ingénieur en énergie. 

Son entreprise Impact Living a réalisé une étude sur le sujet. Le résultat de cette dernière, financée en partie par Yverdon-le-Bains Energies, a de quoi faire suer certains responsables. Il suffit en effet de quelques jours avec des températures anormalement élevées pour que certaines infrastructures soient touchées. Avec des conséquences qui peuvent être dramatiques, insiste Marc Müller. 

Il n'y a pas de temps à perdre, explique l'ingénieur, car ces problèmes peuvent arriver "demain". Pour des raisons de confidentialité, il ne peut pas donner d'exemple précis sur les infrastructures analysées, mais il explique: "on voit que dans les transports publics et sur les réseaux électriques, le taux de panne augmente dans les périodes de canicules. C'est un indice que les systèmes techniques sont très proches de leurs limites. On est vraiment à un système qui est à la limite du décrochage." L'été passé, les Services industriels de Genève ont par exemple recensé 19 pannes électriques anormales durant les mois de juillet et d'août. 

Parmi les recommandations du rapport d'Impact Living, on note la création, dans chaque commune, d'un abri pour accueillir les personnes les plus fragiles, comme les seniors ou les enfants. Ces endroits devraient pouvoir être en permanence rafraîchis, même en cas de coupure d'électricité. L'étude préconise aussi de dimensionner les installations techniques pour des températures de 50 degrés, et non de 40 degrés, comme c'est le cas la plupart du temps aujourd'hui. 

Des logements bientôt inhabitables?

L'ingénieur en énergie invite aussi les propriétaires et le monde de la construction à réfléchir et à changer leurs pratiques. De plus en plus de logements risquent sinon de devenir inhabitables en Suisse ces prochaines années. 

Le rapport propose quelques pistes dans le domaine de la construction: développer des toitures végétalisées, supprimer des velux, mieux choisir les couleurs des bâtiments ou encore mettre au point des systèmes de ventilation naturelle. L'étude souligne par contre que le recours massif aux climatiseurs est une mauvaise idée, car en refroidissant un bâtiment, on dégage de la chaleur à l’extérieur, ce qui exacerbe finalement les situations de chaud.

L'entretien complet avec Marc Müller est à écouter ici: 

RadioFr. - Loïc Schorderet
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