Fribourg privilégie la sélection naturelle pour un lynx
Les autorités fribourgeoises ont ordonné le retour en forêt d'une femelle de 5 mois, prise en charge chez Erminea. Le service de la faune s'explique.
Une jeune femelle lynx de cinq mois, affaiblie et amaigrie, a été retirée du centre de soins Erminea à Chavornay (VD) et relâchée dans la nature sur décision des autorités fribourgeoises et vaudoises. L'animal a été découvert en Gruyère: une habitante a retrouvé le petit félin dans une cage destinée aux chats errants, raconte le journal 24 Heures.
L’association Protect The Lynx dénonce un renvoi prématuré compromettant ses chances de survie: l’animal pesait moins de 4 kg - la moitié du poids normal pour son âge - et n’avait pas encore été examiné par un vétérinaire. Erminea aurait souhaité prolonger les soins, estimant qu’une stabilisation minimale peut être décisive.
Capture d'animaux sauvages illégale
Les autorités justifient leur choix par l’interdiction de capturer la faune sauvage sans autorisation et par le principe de la sélection naturelle. Le biologiste Fridolin Zimmermann, coordinateur du monitoring des grands carnivores au Kora, rappelle qu’il est crucial de ne pas s’immiscer dans le travail des spécialistes:
Même si cela peut paraître sinistre, leur objectif n’est pas de sauver chaque individu isolé, mais d’assurer la survie de l’espèce dans son ensemble
Contacté par Frapp, l'inspecteur fribourgeois de la chasse Elias Pesenti précise: "Il n'est pas rare que la maman se sépare de l'un de ses petits qu'elle juge trop faible. Il est contre-productif pour la survie de l'espèce de s'acharner sur un individu." Le responsable dément aussi les faibles chances de survie du lynx, comme l'affirme Protect the Lynx.
Le message est clair: "Si vous trouvez un animal sauvage, ne le prenez pas en charge individuellement. Appelez le garde-faune en premier recours, sinon la police", insiste Elias Pesenti.
Pas de lien avec le lynx braconné de La Roche
Quant à l’identité du jeune félin, les autorités fribourgeoises écartent le lien avec l’affaire du lynx braconné de La Roche, une femelle qui avait mis bas plus tôt dans l'année. Le jeune animal relâché cette semaine proviendrait plutôt de la vallée de la Jogne, où il avait été observé avant de disparaître des radars.
