Gaza attend plus d'aide humanitaire
Plus de 200 Palestiniens, selon le Hamas, ont été tués en un jour dans les bombardements et autres opérations au sol de Tsahsal dans la bande de Gaza. Pendant ce temps, une résolution de l'ONU sur l'aide humanitaire s'est gardée d'appeler à un cessez-le-feu.
Près de trois mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, ce dernier a annoncé la découverte de corps de dizaines de Palestiniens tués, dont certains "exécutés" selon lui lors d'une opération terrestre israélienne à Jabaliya dans le nord de la bande de Gaza.
L'armée israélienne a annoncé la mort de cinq soldats, quatre vendredi et un samedi, lors des combats avec le Hamas dans la bande de Gaza. Ces décès portent à 144 le nombre de soldats tués depuis le début de l'offensive terrestre israélienne dans ce territoire le 27 octobre.
C'est une attaque d'une ampleur et d'une violence sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine qui a déclenché cette dernière guerre en date entre le groupe palestinien et l'armée israélienne.
L'attaque a fait environ 1140 morts en majorité des civils selon un décompte de l'AFP basé sur les derniers chiffres officiels israéliens. Les combattants palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes dont 129 restent détenues à Gaza selon Israël.
Les bombardements israéliens de représailles par terre, mer et air à Gaza, où des milliers de bombes ont été déversées, ont fait 20'258 morts, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, et plus de 53'000 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Parmi eux figurent 201 personnes tuées ces dernières 24 heures en plusieurs endroits du petit territoire palestinien surpeuplé et assiégé par Israël, a précisé la même source.
L'aviation et l'artillerie israéliennes ont visé plusieurs cibles du nord au sud du territoire, notamment le camp de réfugiés de Nousseirat (centre) où une frappe nocturne a tué 18 personnes, a-t-il ajouté.
L'armée de l'air israélienne affirme avoir tué vendredi à Rafah par une frappe aérienne ciblée un des principaux dirigeants du mouvement. L'homme, Hassan Al-Atrash, était responsable de la production et de la distribution d'armes dans la bande de Gaza.
"Exécutions" selon le Hamas
Dans la ville de Khan Younès, la grande ville du sud de Gaza d'où s'élèvent des nuages de fumée après un bombardement, des corps et des blessés étaient transportés à l'hôpital Nasser.
Outre les bombardements aériens, l'armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire qui lui a permis d'avancer vers le sud et de prendre plusieurs secteurs. Israël a perdu au total 139 soldats à Gaza.
Samedi, le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh, a accusé les forces israéliennes d'avoir cette semaine "commis plusieurs massacres atroces entraînant la mort de dizaines de personnes dans le camp de Jabaliya, dans la zone de Tal Al-Zaatar et dans la ville de Jabaliya".
"Les forces d'occupation ont également exécuté des dizaines de citoyens dans les rues (...) Des dizaines de martyrs ont été récupérés", a-t-il ajouté.
"L'occupation a exécuté un nombre d'entre eux devant leurs familles", a affirmé le gouvernement du Hamas dans un communiqué.
Droit international, selon Israël
Sollicité par l'AFP, l'armée n'a pas spécifiquement répondu aux accusations d'exécutions mais a assuré que ses frappes "contre des cibles militaires se conforment aux dispositions du droit international".
Des images de l'AFPTV montrent un corps sous les décombres dans les rues de Jabaliya ainsi que des destructions massives.
A Beit Lahia (nord), la défense civile a indiqué avoir retrouvé "des dizaines de corps en décomposition".
L'armée de son côté a diffusé des images montrant ses soldats progressant dans les ruines et ouvrant le feu sur des cibles dans le sud de la ville de Gaza. Elle a affirmé que "des terroristes armés qui tentaient d'attaquer les soldats ont été éliminés" et plusieurs "immeubles utilisés comme des sites militaires par le Hamas détruits".
"Des otages morts"?
Après cinq jours de négociations laborieuses, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi un texte réclamant l'acheminement "immédiat" et "à grande échelle" de l'aide à Gaza, où la population civile vit dans des conditions terribles.
La résolution, qui se garde d'appeler à un "cessez-le-feu", rejeté par Israël et son allié américain, demande de "créer les conditions d'une cessation durable des hostilités".
La portée réelle de cette résolution est encore incertaine: l'aide humanitaire, dont l'entrée à Gaza est contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes depuis l'Egypte et depuis le poste-frontière israélien de Kerem Shalom, mais elle est très loin de répondre aux immenses besoins d'une population largement menacée par la famine, selon l'ONU.
Le patron de l'ONU Antonio Guterres a fustigé vendredi les "obstacles massifs" à la distribution d'aide créés par la manière dont Israël mène son "offensive" à Gaza. Seul un cessez-le-feu peut "commencer à répondre aux besoins désespérés de la population".
Dans ce contexte, les efforts des médiateurs égyptien et qatari se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve qui permettrait de faire parvenir de plus grandes aides, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis aussi la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.
Mais les belligérants restent intransigeants.
Le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages.
Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du mouvement islamiste, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment.
Le porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a déclaré dans un communiqué que son groupe avait "perdu le contact" avec ses combattants chargés de garder cinq otages israéliens, dont trois hommes âgés montrés dans une vidéo diffusée le 18 décembre.
"Nous pensons que ces otages ont été tués lors d'une des frappes sionistes sur la bande de Gaza", a-t-il déclaré sans autre précision. Aucune confirmation de ces déclarations n'a pu être obtenue auprès des autorités israéliennes.
Sous une pluie battante, des milliers de manifestants dont des parents d'otages se sont de nouveau rassemblés samedi soir à Tel-Aviv, Haïfa et Césarée, pour protester contre le gouvernement de Benjamin Netanyahu et réclamer qu'il négocie la libération des otages.
"Faim, famine, maladies"
Dans la bande de Gaza, où des quartiers entiers ont été détruits et 1,9 million des quelque 2,4 millions d'habitants déplacés par les violences, "l'exigence la plus pressante est un cessez-le-feu immédiat", a redit le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Il a rappelé que "la faim, la famine et la propagation de maladies" menacent largement le territoire de 362 km2, où des centaines de milliers de Palestiniens sont logés dans des camps de fortune.
"Aucun endroit n'est sûr, (il n'y a) nulle part où aller", a réagi sur X le directeur de l'Unrwa à Gaza, Thomas White. "Les gens à Gaza sont des êtres humains et non des pièces sur un échiquier."
Après des attaques de drones répétées en mer Rouge revendiquées par les rebelles Houthis du Yémen, solidaires des Palestiniens, un drone a frappé samedi un navire commercial dans l'océan Indien, ont indiqué deux agences maritimes, l'une d'elles affirmant que le navire était lié à Israël. L'attaque n'a pas été revendiquée.