Gouvernement Bayrou: 2 ex-premiers ministres

La France a enfin un nouveau gouvernement. Celui-ci fait la part belle à d'anciens noms, avec beaucoup de poids lourds passés de la politique française, dont deux ex-premiers ministres.

L'ex-premier ministre socialiste de François Hollande, Manuel Valls est la surprise du nouveau gouvernement de François Bayrou. © KEYSTONE/EPA AFP POOL/LUDOVIC MARIN / POOL
L'ex-première ministre d'Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, sera à la tête d'un grand ministère de l'éducation. © KEYSTONE/EPA/OLIVIER MATTHYS
Dix jours après sa nomination comme premier ministre et moins d'une semaine après sa première apparition à l'Assemblée nationale (ci-contre), François Bayrou a fini de former son gouvernement. L'Elysée a annoncé lundi la liste des ministres nommés par Emmanuel Macron. © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT
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Les ministres des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et des Armées Sébastien Lecornu ont été reconduits à leurs postes respectifs dans le nouvel exécutif du premier ministre centriste François Bayrou, a annoncé lundi soir par la présidence française.

Le gouvernement est aussi marqué par le retour des ex-premiers ministres Elisabeth Borne et Manuel Valls, respectivement à l'Education et à l'Outre-mer, ainsi que de l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin nommé à la Justice.

Malgré son profil clivant, Bruno Retailleau a été reconduit ministre de l'Intérieur, récoltant les fruits de ses mesures annoncées pour lutter contre la délinquance, le narcotrafic et l'immigration, notamment dans l'archipel français de Mayotte.

Le directeur de l'institution financière publique Caisse des dépôts et consignations, Eric Lombard, devient de son côté ministre de l'Economie et des Finances, un poste crucial alors que la France affronte l'une des pires crises budgétaires de son histoire récente.

Parmi les autres noms: Catherine Vautrin, une proche de l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy, nommée à la tête d'un grand ministère de la Santé et du Travail.

Accueil froid à gauche

M. Bayrou, désigné le 13 décembre, avait dit vouloir aboutir à des nominations avant Noël. Lundi soir sur BFMTV, le nouveau premier ministre de 73 ans s'est dit "fier" d'un "collectif d'expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français", dix jours après son arrivée à Matignon.

Il s'est dit "persuadé" que ce gouvernement et "l'action" qu'il entend mener "feront que nous ne serons pas censurés". Et d'ajouter qu'il ne solliciterait pas la confliance à l'Assemblée sur sa déclaration de politique générale.

Sur le sujet épineux du Budget, il a dit vouloir parvenir à un "équilibre" autour de 5% ou "un peu plus de 5%" de déficit public en 2025. Le premier conseil des ministres se tiendra, lui, le 3 janvier, a précisé l'Elysée.

M. Bayrou a réfuté toute "influence" du RN sur la composition de son gouvernement, et a expliqué que Xavier Bertrand avait une "démarche" jugée "violente" qui n'était pas la sienne pour ce poste.

Mais la composition de cette équipe a été très fraîchement accueillie par la gauche, arrivée en tête des législatives de juin. "Une droite extrême au pouvoir, sous la surveillance de l'extrême droite", a jugé le patron du parti socialiste, Olivier Faure.

La cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, a elle dénoncé "l'indignité" de M. Bayrou, qui "se remet entre les mains de l'extrême droite"

"Coalition de l'échec"

M. Bayrou a été nommé par Emmanuel Macron au terme de longues consultations pour trouver un successeur au conservateur Michel Barnier, dont le gouvernement minoritaire a été renversé le 4 décembre par les députés de gauche et d'extrême droite après seulement trois mois en poste.

L'annonce de lundi soir met fin à une dizaine de jours de tractations entre MM. Bayrou et Macron.

L'équipe gouvernementale compte 35 membres, moins nombreuse que le gouvernement Barnier (42) mais moins resserrée qu'envisagé, et quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes. Et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres conservés dans la nouvelle équipe. Qui suscite déjà une avalanche de critiques des oppositions.

Le président du RN Jordan Bardella a accusé M. Bayrou d'avoir "réuni la coalition de l'échec".

M. Bayrou est le sixième chef du gouvernement depuis la première élection de M. Macron en 2017 et le quatrième depuis le début de l'année, une instabilité que n'avait pas connue la France depuis des décennies.

Le nouveau premier ministre doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par M. Macron en juin. L'hémicycle est fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite); aucun ne dispose de la majorité absolue.

Urgence: budget

M. Bayrou souhaitait former une équipe resserrée et la plus ouverte possible. Il voulait qu'elle comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences qu'affronte le pays et éviter une nouvelle censure. Mais cet objectif d'ouverture est loin d'être atteint.

Les ministres devront surtout préparer dans l'urgence un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.

Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l'automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l'absence de budget.

La première semaine de M. Bayrou à Matignon a été surtout marquée par le tombereau de critiques sur sa présence au conseil municipal de Pau, ville du sud-ouest dont il entend rester maire, en pleine crise à Mayotte, frappée par un cyclone dévastateur.

Il a une cote de popularité historiquement basse pour une prise de fonction, 66% des Français se disant mécontents, selon un baromètre publié dimanche.

ATS
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