Groupe E mise sur des "cavernes" pour stocker l'eau chaude
Des sites fribourgeois sont à l'étude pour accueillir trois réservoirs souterrains d'eau chaude, destinés au chauffage à distance.

Imaginez d'immenses thermos souterrains, longs de 130 mètres et enfouis à la profondeur d'un immeuble de dix étages. C'est le projet audacieux que développe Groupe E avec l'entreprise vaudoise ECCUS, société de Jongny spécialisée dans la conception d'ouvrages souterrains: creuser trois cavernes dans le sous-sol fribourgeois pour y stocker l'équivalent de millions de litres d'eau chaude.
Ces réservoirs géants, inspirés d'expériences scandinaves, constitueraient une première suisse pour alimenter les réseaux de chauffage urbain. "Ça ressemble à une station de métro parisienne, beaucoup plus courte, qui sera remplie d’eau à 85%. Il faut imaginer un cigare de 130 mètres de long et 18 mètres de large avec un réservoir d'environ 30'000 m3", image Andrew Bourget, CEO d’ECCUS.

Le principe ressemble à celui d'une batterie thermique géante. Pendant les heures creuses, quand la demande en chauffage est faible, ces cavernes se remplissent d'eau chauffée par des énergies renouvelables comme le solaire ou la biomasse. Aux heures de pointe - le matin quand les bureaux s'allument, à midi dans les écoles, le soir dans les logements - cette eau chaude remonte instantanément via un réseau de conduites pour réchauffer les bâtiments.
Cette solution souterraine répond à un défi, selon Groupe E: comment stocker massivement de l'énergie sans grignoter les terres agricoles, les zones urbaines ni défigurer le paysage? En creusant à 15-35 mètres de profondeur dans des formations géologiques étanches, ces réservoirs invisibles préservent l'espace en surface tout en garantissant une isolation thermique naturelle.
"Il faut une roche autoportante, car il ne doit pas y avoir d’infiltrations d’eau, et elle ne doit pas se situer à plus d’une quinzaine de mètres de la surface — idéalement à moins de 10 mètres — pour éviter les surcoûts liés aux travaux d’excavation", explique Andrew Bourget.
Un site à Hauterive aurait du potentiel pour accueillir ces nouveaux sous-sols énergétiques du canton. Les deux partenaires projettent la mise en service de la première caverne à l’horizon 2030.