"L'objectif, en tant que témoin, est de casser la dynamique"
Une semaine dédiée à la lutte contre le harcèlement dans l'espace public débute lundi. Interview d'Albertine de Montmollin, membre de Mille Sept Sans.
La Ville de Fribourg prend des mesures pour aborder et combattre le harcèlement dans l'espace public à travers une semaine thématique intitulée "En confiance dans ma ville". Du 22 au 26 avril 2024, cet événement vise à équiper les citoyens de Fribourg avec des outils pratiques pour gérer et contrer le phénomène. Des ateliers variés, des discussions ouvertes et des projections de films sont organisés pour sensibiliser et mobiliser la communauté locale autour de cette cause cruciale.
Albertine de Montmollin, coordinatrice et animatrice de l'atelier "harcèlement de rue, agir en tant que témoin" pour l'association Mille Sept Sans nous éclaire sur cette problématique et sur les événements à venir.
RadioFr: Qu'est-ce qu'on entend par harcèlement de rue?
Albertine de Montmollin: "Le harcèlement de rue est une action verbale ou non-verbale, dans un espace public, d'une personne envers une autre. Il y a vraiment une différence entre la drague, le flirt et le harcèlement de rue. Cette différence, c'est le consentement : dans la drague et le flirt, il y a consentement ; dans le harcèlement de rue, non."
Pourriez-vous nous donner des exemples?
"Cela prend différentes formes, ça peut être des regards qui sont désagréables pour la personne regardée, des sifflements, des paroles ou des conversations forcées, des gestes déplacés ou ça peut être tout cela mélangé. Ça peut venir d'une personne ou d'un groupe.
Quand, dans l'espace public, on est témoin d'un acte de harcèlement de rue, que peut-on faire?
"L'objectif en tant que témoin est de casser la dynamique, c'est-à-dire de stopper ce qui est en train de se passer. Différentes manières de faire peuvent être utilisées, chacune de ces manières étant propre à la personne. Toutefois, il faut toujours agir en réfléchissant à sa sécurité. Le but n'est pas de se mettre en danger, mais de casser la dynamique de harcèlement en utilisant différentes stratégies."
Quelles stratégies peut-on utiliser?
"Il y en a plusieurs qui peuvent être utilisées, c'est ce qu'on apprend pendant cet atelier, parce que ce n'est pas toujours instinctif. C'est en créant cet atelier qu'on s'est rendu compte que l'on n'avait pas tous les outils pour agir dans ce type de situation imprévue. Cela passe par différentes choses : en dénonçant la situation, en s'adressant directement au harceleur en lui demandant d'arrêter, ou également par d'autres biais qui sont moins confrontants. Par exemple, d'intervenir dans la situation en posant une question ou en faisant semblant de connaître la cible."
Que faire si l'on veut agir en tant que cible de harcèlement de rue?
Quand on est soi-même cible de harcèlement de rue, c'est parfois très difficile d'agir. On est parfois pris dans un état de "freeze", un état de surprise où l'on est incapable d'agir. On ne comprend pas les intentions et on n'a pas le recul sur la situation que d'autres témoins auraient. Mais si on a les outils et la force de stopper la situation, ou au moins d'essayer, tant mieux! Toutefois, si l'on fait cet atelier, c'est pour ne pas remettre un poids supplémentaire sur les personnes qui vivent ce harcèlement en leur disant : "vous devez vous-même développer les outils pour vous en sortir". On a à cœur d'impliquer toute la population pour endiguer ce phénomène de harcèlement de rue, c'est pour cela que l'on propose cet atelier aux témoins. Ces témoins représentent toute la population, toutes les générations, des enfants aux personnes âgées, tout le monde peut se retrouver face à ce genre de situation. C'est pour cela que l'on veut intégrer tout le monde, des femmes comme des hommes, de tout âge.
Comment se déroulent ces ateliers?
Il y a une première partie théorique qui va questionner pourquoi est-ce qu'on n'agit pas dans une situation de violence. Ensuite, avec les participantes et participants, on développe des stratégies d'intervention ensemble. Dans une deuxième partie, un duo d'improvisateurs va jouer des scènes de harcèlement de rue sur lesquelles les personnes présentes peuvent agir. C'est un moyen de pouvoir déjà exercer ces stratégies et de réfléchir sur celles qui nous correspondent le mieux. On a à cœur de créer un espace sécurisé pour permettre aux personnes de s'exercer à différentes situations de harcèlement de rue afin qu'elles soient prêtes pour des situations réelles."