Hôpitaux sous le feu des combats à Gaza

Israël fait face samedi à des appels de plus en plus nombreux pour protéger les civils à Gaza, alors que les combats avec le Hamas se sont intensifiés autour des hôpitaux du territoire palestinien où des habitants se réfugient pour échapper aux intenses bombardements.

La moitié des 36 hôpitaux de Gaza bombardé sans cesse depuis le 7 octobre ne fonctionnent "plus du tout" selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) (archives). © KEYSTONE/AP/Hatem Moussa

Au 36e jour de ce conflit déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien, la moitié des 36 hôpitaux de Gaza bombardé sans cesse depuis le 7 octobre ne fonctionnent "plus du tout" selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Samedi matin, des nuages de fumée s'élevaient dans le ciel de la ville de Gaza et de nombreux coups de feu pouvaient être entendus, selon des images de l'AFP.

L'hôpital al-Chifa, situé à Gaza-ville, a été la cible de tirs selon son directeur. "Al-Chifa a été visé toute la nuit par d'intenses tirs d'artillerie, comme d'autres hôpitaux de la ville de Gaza", a déclaré samedi Mohammed Abou Salmiya. Le directeur a précisé que les ambulances n'avaient pas pu aller chercher des "dizaines de morts" et "des centaines de blessés" à cause "des tirs et des projectiles".

Snipers

Selon le Hamas, qui contrôle depuis 2007 la bande de Gaza, "une personne a été tuée et de nombreuses autres ont été blessées dans des frappes sur le bâtiment des soins intensifs de l'hôpital al-Chifa" samedi matin, au lendemain d'un bombardement qui a fait 13 morts dans ce même complexe hospitalier, d'après le Hamas.

L'armée israélienne n'a pas commenté ces affirmations. Vendredi, elle avait affirmé qu'elle "tuerait" les combattants du Hamas "qui tirent à partir des hôpitaux" à Gaza et dit dans la soirée avoir éliminé "environ 150 terroristes".

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que des snipers israéliens avaient tiré vendredi sur l'hôpital al-Quds.

Côté israélien, 1200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'attaque sans précédent le 7 octobre en Israël du Hamas qui a aussi enlevé 239 otages, selon les autorités. Les bombardements menés en représailles par Israël ont depuis fait 11'078 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, parmi lesquels 4506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Les attaques contre l'hôpital al-Chifa se sont intensifiées de façon dramatique au cours des dernières heures", a indiqué samedi l'ONG Médecins sans frontières (MSF) sur X (ex-Twitter).

Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a renouvelé vendredi ses appels à un cessez-le-feu, soulignant que le système de santé de la bande de Gaza était "à genoux".

Aucune justification, selon Macron

Dans un entretien à la BBC, le président français, Emmanuel Macron, a "exhort(é) Israël à cesser" les bombardements tuant des civils. "Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués." Il n'y a "aucune justification" et "aucune légitimité à cela", a estimé le président français.

Les autorités israéliennes répètent régulièrement que le Hamas, "organisation terroriste" pour Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis, utilise les hôpitaux pour mener des attaques ou cacher des tunnels, ce que dément le mouvement.

L'armée israélienne mène des combats acharnés contre le Hamas au coeur de la ville de Gaza, où se trouve selon elle le "centre" de l'infrastructure du mouvement, retranché dans un réseau de tunnels. Sur des images non datées qu'elle a diffusées, des soldats marchent sur du sable, armes à la main, dans un paysage de désolation.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé que "la responsabilité de tout tort fait aux civils incomb(ait) au Hamas", qui selon lui les utilise comme "boucliers humains".

"Nous demandons à la communauté internationale de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il cesse de viser des hôpitaux et des ambulances", a exhorté samedi le directeur de l'hôpital al-Chifa à Gaza-ville, Mohammed Abou Salmiya.

"Corridor" humanitaire

Sur le front diplomatique, le président iranien, Ebrahim Raïssi, est arrivé samedi dans la capitale saoudienne Ryad pour un participer à un sommet des dirigeants arabes et musulmans pour demander notamment l'arrêt de la guerre à Gaza. Mais Israël et son principal allié, les Etats-Unis, ont jusqu'à présent rejeté les demandes de cessez-le-feu.

Face à l'intensification des combats dans le nord de la bande de Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens ont fui ces derniers jours, sur ordre de l'armée israélienne, pour aller se réfugier au sud.

Israël a accepté de faire des "pauses" humanitaires quotidiennes pour permettre aux civils de fuir vers le sud du territoire, davantage épargné, via un "corridor".

Celui-ci a encore été emprunté vendredi par 30'000 personnes malgré des "explosions" qui y ont fait des morts, selon l'agence onusienne chargée de la coordination humanitaire (Ocha).

Pilonné sans relâche depuis plus d'un mois et soumis à un siège total, le petit territoire palestinien où 1,6 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés selon l'ONU est plongé dans une situation humanitaire catastrophique.

"Pas d'eau"

Gaza est privée d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.

Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a appelé vendredi à l'arrêt du "carnage" dans la bande de Gaza et déploré la mort de plus de 100 travailleurs humanitaires de l'UNRWA depuis le 7 octobre.

Pendant ce temps, des roquettes continuent d'être tirées quotidiennement depuis la bande de Gaza vers Israël. Le pays est confronté "à plusieurs fronts", a déclaré vendredi un porte-parole de l'armée, Richard Hecht. L'armée israélienne a indiqué "poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures" du Hezbollah au Liban, avec lequel les échanges de tirs à la frontière sont quotidiens.

Un raid israélien a visé samedi un véhicule dans le sud du Liban, à quelque 45 km au nord de la frontière commune, dans la première frappe en profondeur sur le territoire libanais depuis le début des hostilités, a indiqué un média d'Etat libanais.

ATS
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