Des Fribourgeois au cœur de la forêt impénétrable de Bwindi

Depuis plus de dix ans, l'association Africomed vient en aide à un hôpital ougandais. Certains membres s'y sont rendus en mars dernier.

Une quarantaine d'opérations ont été effectuées durant le camp d'urologie. © Africomed

"Lors de ma première visite à Bwindi en 2007, l'hôpital était un simple dispensaire. Aujourd'hui, il compte 150 lits". Le développement de cet établissement du sud-ouest de l'Ouganda est soutenu par l'association fribourgeoise Africomed, fondée en 2012 et présidée par la Dresse Forat Sadry.

Deux fois par an, cette radiologue se rend dans cette région bordière du Rwanda et du Congo avec une équipe de différents spécialistes afin, notamment, de former du personnel sur place. Depuis près de 15 ans, des camps de gynécologie, de chirurgie générale, d'infectiologie ou encore d'orthopédique ont été organisés. L'association sponsorise également la formation de médecins, d'infirmiers, de physiothérapeutes, etc. 

En mars dernier, la Dresse Forat Sadry est partie avec trois autres personnes pour un camp d'urologie. Un domaine souvent délaissé par les organisations humanitaires qui se concentrent plutôt sur les problèmes touchant les femmes et les enfants. Pourtant, le besoin est réel : "Cela fait plusieurs années que je remarque un handicap chez certains hommes. Ils portent des cathéters parce qu'ils ne peuvent plus uriner", expose la radiologue. "Chez les personnes âgées, il s'agit de problèmes de prostate. Chez les jeunes hommes, il s’agit souvent de séquelles d’accidents de moto. Le souci, c'est que personne ne peut les opérer sur place et qu'ils n'ont pas les moyens d'aller ailleurs".

Une quarantaine d'opérations 

Deux urologues bâlois se sont alors joints à l'aventure afin de former le personnel sur place pour donner la possibilité aux personnes touchées de se faire opérer. "Un jour à Bwindi ressemble à un jour en Suisse", explique le Dr Patrick Maurer, l'un des urologues. "La grande différence, c'est le matériel. Il est plus simple et moins sophistiqué, mais il reste efficace. Par contre, les problèmes techniques sont fréquents, notamment en lien avec les coupures d’électricité". 

Au total, durant leur séjour humanitaire, l'équipe de Forat Sadry a effectué une quarantaine d'opérations et une soixantaine de consultations.  "Ce qui est satisfaisant, c'est de voir les progrès des médecins locaux", se réjouit le Dr Patrick Maurer. "Si nous voulons changer les choses de manière durable, il faut que les gens sur place puisent s'entraider". Malheureusement, l'équipe d'Africomed ne peut pas venir en aide à tout le monde. "C'est extrêmement frustrant, mais cela montre aussi l'importance de former du personnel sur place", estime Forat Sadry.

Installation de panneaux solaires à l'hôpital de Bwindi.

Un projet solaire

En parallèle de la formation, Africomed a aussi décidé de s'attaquer aux problèmes techniques liés à l'alimentation en électricité de l'hôpital. "Des pannes d'électricité peuvent intervenir en pleine opération et cela est dangereux", raconte Forat Sadry. L'hôpital de Bwindi est alimenté en électricité par un petit barrage et par un générateur, car le réseau national n'est pas fiable. Alors, Africomed a collecté des fonds pour l'installation de panneaux solaires pour permettre à l'établissement d'assurer son indépendance énergétique. 

Pour mener à bien ce projet, un ingénieur électricien a rejoint l'équipe en mars dernier. L'installation des panneaux solaires a débuté en 2023. Là aussi, il a fallu s'adapter. Les toits en tôle ne peuvent pas supporter leur poids et les trous effectués pour leur installation provoquent des fuites. Il a donc fallu trouver un terrain en plus pour installer une partie des panneaux photovoltaïques au sol. Une fois l'installation terminée, la mise en fonction de cet équipement a pu être lancé. 

RadioFr. - Léo Martinetti
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