"Il était sur une autre planète!"
L'avocat de l'ex-gestionnaire de fortune qui a dilapidé quelques 70 millions de francs plaide pour la liberté de son client.
Au deuxième jour du procès de celui qui était responsable du fonds de prévoyance de l'Association des Communes de la Sarine pour les services médico-sociaux (ACSMS), la défense a été catégorique: le prévenu n'est plus le même homme qu'au moment des faits, entre 2008 et 2013.
A l'époque, "il était sur une planète" selon l'avocat du prévenu, citant des réflexions personnelles qui ont été découvertes dans l'ordinateur du quinquagénaire. Dans ces écrits, le père de famille disait: "j'ai une confiance totale dans le présent. Je sais que les éléments répondent à mes désirs les plus fous. Je n'ai aucune limite dans mon esprit."
L'homme serait revenu sur terre lorsqu'il a été arrêté et emprisonné de manière préventive. "Depuis sa libération, en mai 2017, après presque 2 ans de prison, il est devenu un autre homme" plaide l'avocat de l'ex-gestionnaire, précisant qu'il mène aujourd'hui "une vie exemplaire".
Il a déjà payé
La défense demande que le prévenu ne retourne pas derrière les barreaux, car "cela n'aurait pour but que d'anéantir ce qui a été mis en place, sans bénéfice, ni pour la justice, ni pour la société. Il faut donc le laisser libre."
Au terme de cette journée d'audience, le prévenu a dit regretter ce qui s'est passé. "Depuis ma sortie de prison, j'y pense presque tous les jours. J'ai compris que le monde de la finance n'est pas pour moi. Je vais en rester le plus loin possible", a-t-il conclu, après avoir passé toute la séance à regarder ses pieds.
Passage par la case prison
Le Ministère public fribourgeois ne l'entend toutefois pas de cette oreille. Selon la procureure, le prévenu doit retourner en prison.
"Ce qu'il a fait est très grave" a expliqué Alessia Chocomelli-Lisibach, qui a estimé que 10 ans de prison ferme serait correct. Mais compte tenu de l'ancienneté des faits, cette peine doit être atténuée. Le Ministère public requiert donc 8 ans de prison ferme.
L'ACSMS a aussi des torts
Le prévenu n'est pas le seul à être fautif dans ce dossier. Les responsables du fonds de prévoyance de l'ACSMS auraient aussi dû faire preuve de prudence, car "si on signe un contrat avec un parfait inconnu, à savoir le prévenu, qui doit gérer 57 millions de francs, on a le devoir de vérifier la solvabilité de l'entreprise qui s'occupera de ce fonds. Et les responsables de la Caisse de pension ne l'ont pas fait", rappelle la procureure.
Le prévenu doit répondre d'escroquerie par négligence, d'abus de confiance, de gestion déloyale et de faux dans les titres. Le verdict sera rendu le 5 octobre.