Ils leur donnent accès à leur sensualité
Les personnes en situation de handicap ont le droit à une vie sexuelle. Les assistants sexuels les accompagnent dans cette voie.
"On est comme tout le monde !" Elodie Gaffner* est assistante sexuelle depuis un peu plus de deux ans. Effectivement rien ne distingue cette jeune femme souriante et sympathique d'une autre. Son engagement, lui, interpelle et interroge. Elle partage en effet des relations intimes avec des personnes handicapées qui en ont exprimé le souhait.
C'est après beaucoup d'hésitation et de réflexion qu'elle s'est décidée. " Je me disais mais qu'est-ce qu'on va dire. Tu n'es pas de cette trempe-là ". C'est finalement son compagnon qui la convainc, lui assure qu'elle a ce qu'il faut pour accomplir cette mission. De l'empathie, elle qui travaille déjà dans "l'humain" et une sexualité épanouie qui la rend "vivante et sereine". C'est toutefois sous un pseudo qu'elle témoigne et qu'elle se présente auprès de bénéficiaires de Corps solidaires, l'association romande qui forme et accompagne les assistants sexuels. Parce qu'elle n'assume pas encore complètement mais espère bien que la situation va changer.
Pierre Pantillon, c'est son vrai nom, n'a plus cette réticence. Assistant sexuel depuis 2017 mais aussi responsable de la ligne de Corps solidaires, il est parfaitement à l'aise avec son choix. La sensualité et la sexualité sont très importantes à ses yeux. Et, lui qui a travaillé au contact de personnes handicapées, ne peut pas concevoir que ces dernières en soit privées.
Une relation dans le respect mutuel
C'est en 2017 qu'il a franchit le pas. Il gère aussi la ligne de Corps solidaires et oriente les demandes des potentiels bénéficiaires. Des demandes qui font l'objet de beaucoup d'attention et d'un entretien préalable avec l'assistan. Les deux futurs partenaires vont aussi fixer les conditions de la séance, sa durée approximative. Mais pas dans le marbre: Si l'un ou l'autre change d'avis sur le moment et ne se sent pas prêt à certains gestes, son souhait est respecté.
Alors quelles limites posent-ils l'un et l'autre à leur échange avec des bénéficiaires? "Si je commençais une relation d'un soir ou autre, rétorque Pierre, et que la personne en face me demandait quelles sont mes limites, je crois que je ne continuerai pas !" Pour Elodie, il y a des choses qu'elle peut vivre avec certaines personnes et d'autres avec d'autres et "ça ne s'explique pas !"
L'assistance ne doit pas servir à boucler les fins de mois
Les assistants sont rémunérés pour leur offre, mais n'en vivent pas. Toutes et tous ont une profession à part qui leur assurent l'essentiel de leurs revenus. "C'est une des conditions pour s'engager dans cette voie, précise Pierre Pantillon. "L'assistance ne doit pas servir à boucler les fins de mois". Et pas question non plus d'appliquer un tarif en fonction d'une pratique sexuelle. Mais juridiquement, celles et ceux qui s'engagent dans cette activité sont toutefois considérés comme des prostitués avec obligation, dans la plupart des cantons, de se déclarer comme tels.
Appel à volontaires
De quoi peut-être décourager encore les volontaires qui manquent cruellement. Surtout les femmes d'un certain âge à qui la société renvoie une image souvent dévalorisée. Elles n'osent pas, alors qu'elles auraient peut-être l'envie de se lancer. La jeune génération elle, est plus ouverte et particulièrement à une sexualité moins binaire et genrée. Mais la majorité des demandes sont plus "classiques". En résumé, l'offre ne correspond pas aux besoins. C'est donc un grand appel que lance Corps solidaire. Si vous voulez en savoir plus sur la formation qu'elle dispense, les conditions à remplir pour la suivre se trouvent sur le site de l'association.
* Nom et prénom fictifs