Ils vont conduire un camion rempli de dons jusqu'en Ukraine

Depuis Gletterens, Vincent Jenny et Luc Voisard vont acheminer des produits de 1ère nécessité à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne.

Vincent Jenny et Luc Voisard ont été surpris par l'ampleur qu'a pris leur appel à la solidarité lancé sur les réseaux sociaux. © RadioFr.

A Gletterens, un camion gris est parqué devant l'immeuble où habite Vincent Jenny: à l'intérieur, des sacs-poubelles remplis de couvertures, de vêtements et de bonnets sont déjà chargés. A côté, dans le jardin, d'autres cartons s'empilent:"Voilà encore des habits, et puis des dentifrices et des brosses à dents. C'est une amie qui vient de passer. Elle travaille dans une école, les dentistes leur donnent souvent des échantillons pour les enfants", explique le jeune Fribourgeois.

Avec son collègue de travail et ami de longue date Luc Voisard, qui habite à Domdidier, il a lancé le week-end dernier un appel à la solidarité sur Instagram, pour aider les Ukrainiens qui fuient la guerre. Très vite, les dons ont afflué. "Une centaine de personnes m'ont contacté, j'ai même de la peine à suivre et à répondre à tout le monde!" raconte Luc Voisard. "Il y a même des personnes d'Yverdon ou d'Orbe qui m'ont écrit, cela a dépassé notre cercle amical, et dépassé la Broye fribourgeoise." L'ampleur de la mobilisation autour d'eux les a surpris.

Maîtriser le polonais, ça aide

Tous ces dons, ces deux jeunes de 27 ans vont les acheminer eux-mêmes, ce jeudi soir, par camion. Une sorte de bus que la direction de leur entreprise, Grisoni-Zaugg, leur a gracieusement mis à disposition pour leur action solidaire. "La direction s'est même dit prête à prendre en charge les frais d'essence", précise Vincent Jenny.

Les deux compères ne savent pas encore où exactement ils vont apporter cette aide matérielle. "Tout peut changer très vite, mais on a des contacts avec des bénévoles le long de la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, ils nous diront où aller. On décidera au dernier moment", lance Luc Voisard. Vincent, lui, parle polonais. Il a appris cette langue "lorsqu'il était avec une ancienne copine polonaise". Aujourd'hui, cela va lui servir.

Sur place, une fois les sacs de vêtements distribués dans un centre d'accueil ou tout autre endroit près de la frontière entre l'Ukraine et la Pologne, les deux jeunes Fribourgeois ont aussi prévu d'acheter de la nourriture. Et cela, avec la somme qu'ils ont aussi récoltée depuis ce week-end. Plus de 2200 francs pour le moment, selon Vincent Jenny: "En monnaie polonaise, cela fait environ 10'000 zloty. Comme c'est moins cher là-bas, nous préférons faire des courses en Pologne. C'est possible que nous devions nous éloigner de la frontière pour trouver de la nourriture. C'est aussi pour cela que nous prenons avec nous un bidon de diesel, pour faire face à la pénurie de carburants dans le secteur."

Peu de sommeil en vue

Avant le départ, les deux jeunes ne ressentent pas vraiment d'appréhension. Ils se disent "confiants", ils sont débrouillards, et prêts à dormir peu ces prochains jours. Car leur départ est prévu ce jeudi soir, et ils devront rentrer dimanche soir déjà, avant d'être de retour lundi matin au boulot, sur les chantiers. Entre deux, ils feront le voyage "en se relayant et en dormant chacun son tour".

Un voyage d'au moins 17 heures de route, et de plus de 1'600 kilomètres rien que pour l'aller. Mais cela vaut la peine, souligne Vincent Jenny: "On peut serrer les dents. On a déjà pris congé pour aller faire des festivals et dormir six heures en un week-end. Alors pour une opération comme celle-ci, on est prêt à renoncer à un peu de sommeil!"

Le déclic pour organiser cette action, il l'ont eu le week-end passé, se souvient Luc Voisard: "Je regardais les actualités, j'ai vu les images de guerre en Ukraine. Je me suis dit que c'était à nos portes, c'est en Europe. Surtout que Vincent était allé faire la fête à Kiev, pour un Nouvel An, il y a quelques années. Alors voir qu'aujourd'hui, des bombes tombent sur cette ville, cela m'a touché. Je me suis dit, on ne peut pas ne rien faire. On voit qu'en prenant des initiatives, nous, à notre échelle, on peut changer les choses."

Durant leur court séjour sur place, les deux amis comptent bien partager, sur les réseaux sociaux, des photos, des témoignages, leurs ressentis, pour informer et remercier toutes les personnes qui ont soutenu leur action. Si vous souhaitez les soutenir, il est encore possible de faire un don via le compte Twint de Vincent Jenny (079 429 00 71).

Ecouter le reportage complet:



RadioFr. - Maëlle Robert
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