In Situ: un bilan en demi-teinte et des envies d'expansion

Près de trois ans après son lancement, on fait le bilan de l'agenda culturel In Situ avec sa directrice Hanna Feyler.

Après trois ans d'existence, le bilan de l'agenda culturel In Situ est mitigé. © KEYSTONE

Connaissez-vous In Situ? La plateforme culturelle fribourgeoise a été lancée en janvier 2023 avec cet objectif: recenser tous les événements culturels du canton de Fribourg, théâtre, expositions, concerts et spectacles.

En 2024, In Situ a diffusé près de 4'000 événements de 353 organismes culturels. Près de trois ans après son lancement, on fait le point sur le développement de la plateforme avec sa directrice Hanna Feyler.

RadioFr.: Est-ce que vous pouvez rappeler ce qu’est In Situ?

Hanna Feyler: In Situ est une plateforme qui recense tous les événements culturels du territoire cantonal. L’objectif est d’être le plus exhaustif possible et de collecter cette donnée événementielle, afin de la diffuser largement, via notre agenda In-Situ.live et par des partenariats avec des acteurs tiers.

Après deux ans d’existence, comment se passe le développement du projet?

Plutôt bien, même si cela avance moins vite que souhaité. Faire adopter une nouvelle plateforme est un vrai défi. Nous sommes un acteur plutôt "invisible" qui collecte, distribue et développe des outils techniques pour les organismes culturels, le public et les partenaires de diffusion. La visibilité directe est donc limitée, mais l’activité est bonne: l’équipe compte sept personnes (l’équivalent de deux EPT) et nous sommes bien occupés.

1'500 visites mensuelles sur votre site, est-ce décevant?

Cela dépend de l’angle de vue. Dans le secteur culturel, 1'500 visites pour une nouvelle plateforme, c’est raisonnable. Oui, si l’on regarde uniquement le site, ce n’est pas énorme. Mais notre but est de diffuser les données via des API (Interface de Programmation d'Applications: ce sont des règles qui permettent à des applications de communiquer entre elles), donc chaque fois que les événements apparaissent sur une plateforme partenaire, cela compte aussi comme audience pour nous. En 2024, nous avons construit ces API, et nous voulons désormais mesurer l’audience totale, pas seulement celle d’In-Situ.live.

Votre présence sur les réseaux sociaux reste modeste. Quelle est votre stratégie?

Les réseaux sont importants pour la crédibilité d’une structure, mais nous avons constaté qu’ils n’amènent pas d’utilisateurs vers la plateforme. Nous avons donc changé de stratégie: les réseaux servent désormais à expliquer notre mission plutôt qu’à dupliquer l’agenda. Nous concentrons nos efforts sur la plateforme, la donnée et les partenariats, plutôt que sur la course aux abonnés.

Avez-vous déjà des chiffres concernant ces audiences tierces?

Oui, pour le site Memo, géré par la Ville, qui utilise notre système de saisie. Ils ont relevé environ 40'000 visites de décembre à décembre. Concernant Fribourg.ch et Bulle de culture, nous recevons leurs chiffres par période de 12 mois, donc, ce sera disponible en mars pour Fribourg.ch, et dans un an pour Bulle de culture, leur partenariat n’ayant commencé qu’en octobre.

Quels retours avez-vous reçus des associations culturelles?

Ils sont très enthousiastes. Nous leur permettons de saisir leurs informations une seule fois pour une diffusion large, ce qui est extrêmement précieux dans un secteur souvent à court de moyens et de ressources.

Et du grand public?

Nous avons moins de retours directs, car nous sommes peu en contact avec le public. Nous constatons néanmoins une croissance régulière des visites et un excellent taux de récurrence: environ la moitié des visiteurs reviennent. Ce noyau d’utilisateurs réguliers grandit.

Au lancement du projet, il avait été envisagé de travailler avec des médias déjà bien implantés. Regrettez-vous que cela ne se soit pas fait?

Non. C’était simplement trop tôt techniquement. En 2024, nous avons développé les API nécessaires. Désormais, n’importe quel média peut se connecter et récupérer les données. Pour beaucoup d’entre eux, ce serait très utile, car certains saisissent encore les événements manuellement. Nous sommes prêts et ouverts: ces partenariats prennent du temps, mais ils arrivent.

Quels sont les prochains objectifs d’In-Situ?

L’open source. Nous avons déjà travaillé en test avec le Berner Kulturagenda, qui a utilisé notre code source pour son agenda. Notre but est de rejoindre une communauté open source en 2026 et de mettre le code à disposition du plus grand nombre, gratuitement.

Concrètement, qu’est-ce que signifie l’open source pour le public ou les acteurs culturels?

C’est la mise à disposition libre du code source de la plateforme. Cela permet à n’importe quelle structure d’utiliser ce code sans payer de licence, contrairement aux solutions propriétaires. On pourrait même imaginer des usages non culturels: un agenda est utile dans beaucoup de contextes.

RadioFr. - Vincent Dousse
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