Ingérences russes dans la présidentielle américaine

Les autorités américaines ont dévoilé mercredi une série de mesures, dont des poursuites pénales et des sanctions, pour répondre à des tentatives d'ingérence dans les élections aux Etats-Unis. Elles les imputent à la Russie.

Merrick Garland, le ministre américain de la Justice, a tapé du poing sur la table. © KEYSTONE/AP/Mark Schiefelbein

Le ministre américain de la justice Merrick Garland a annoncé deux actions distinctes de ses services: la saisie de 32 noms de domaines utilisés dans le cadre d'une "campagne pour influer sur le résultat de l'élection présidentielle américaine" menée sous l'autorité de l'administration présidentielle russe, ainsi que des poursuites contre deux responsables du média russe RT.

Le président russe Vladimir Poutine était "au courant" de ces opérations d'ingérence électorale, a affirmé la Maison-Blanche. Les responsables américains n'ont pas précisé explicitement à quel camp elles avaient profité. Mais le renseignement américain avait conclu à des ingérences russes en 2016 et en 2020 pour favoriser le candidat républicain Donald Trump, ce que l'intéressé conteste catégoriquement et que Moscou a démenti.

Des sanctions

Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse, M. Garland s'est borné à indiquer que selon l'analyse des services de renseignements, "les préférences de la Russie n'avaient pas changé par rapport à la dernière élection".

Le département du trésor a parallèlement annoncé sanctionner deux ONG russes ainsi que 10 individus, dont six responsables de RT, parmi lesquels sa rédactrice en chef Margarita Simonian et les deux personnes inculpées.

Le département d'Etat a de son côté imposé des restrictions de visa à l'encontre du groupe de médias auquel appartient RT, Rossia Segodnia, ainsi que d'autres filiales de cette compagnie, et offert une récompense pouvant aller jusqu'à 10 millions de dollars pour des informations sur l'ingérence dans les élections américaines.

"RT et ses employés, y compris les deux accusés, ont mis en oeuvre une opération de près de 10 millions de dollars pour financer une entreprise basée dans le Tennessee et chargée de publier et de propager des contenus jugés favorables au gouvernement russe", a expliqué M. Garland.

Outils technologiques

"Aujourd'hui, nous mettons au jour deux opérations illégales et clandestines d'influence russes visant la population américaine", a résumé le directeur de la police fédérale américaine (FBI), Christopher Wray.

"Depuis midi aujourd'hui, nous avons saisi ces sites, les avons mis hors d'état de fonctionner et montré clairement au monde ce qu'ils sont: des tentatives russes de s'ingérer dans nos élections et d'influencer notre société", a-t-il ajouté.

"La réalité est que la Russie s'immisce dans notre société et essaye d'y semer la discorde depuis des décennies. La nouveauté, c'est qu'elle a plus d'outils pour le faire avec l'avènement de la technologie", a-t-il souligné, citant les réseaux sociaux et l'intelligence artificielle.

La chaîne RT a tourné en dérision les dernières accusations américaines, en réaction à une information de CNN quelques heures avant les annonces officielles, évoquant "le retour des clichés éculés de 2016".

Les Etats-Unis accusent la Russie de tenter de peser sur les résultats des élections américaines depuis la présidentielle de 2016 remportée par Donald Trump sur l'ex-secrétaire d'Etat démocrate Hillary Clinton.

En mai, la directrice du renseignement américain, Avril Haines avait mis en garde contre le nombre croissant de puissances étrangères cherchant à influer sur l'élection présidentielle, assurant toutefois que le pays n'avait jamais été autant prêt à déjouer ces tentatives d'ingérence.

Parmi ces puissances, les plus importantes sont "la Russie, la Chine et l'Iran", avait-elle énuméré, précisant que la "Russie continue de constituer la menace étrangère la plus active" pour les élections américaines.

ATS
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