Vincent Ducrot: "ces changements sont nécessaires"
Le directeur des CFF, le Fribourgeois Vincent Ducrot, revient sur les importants changements d'horaires qui entreront en vigueur dès dimanche.
Fribourg fait maison: Ce dimanche, le nouvel horaire des CFF entre en vigueur et pour la Suisse romande, c'est le plus gros chamboulement jamais effectué. Cela va aussi bousculer la vie des usagers fribourgeois. Vincent Ducrot, vous êtes Fribourgeois et le patron des CFF. Est-ce que les CFF sont prêts pour ce nouvel horaire?
Vincent Ducrot: Oui, on est prêt. Vous savez, la machine CFF est bien organisée, comme toutes les entreprises de transport. Parce que ce ne sont pas seulement les CFF qui changent, mais c'est à peu près 200 entreprises en Suisse qui sont concernées par un nouvel horaire.
Justement, vous êtes la ligne directrice, puis tout le trafic régional s'arrange autour de vous, c'est ça?
Il y a une hiérarchie. On planifie ce qu'on appelle l'horaire grande ligne, donc les trains InterRegio et InterCity. Et on essaie après de construire autour de cet horaire pour qu'on ait une desserte fine qui fonctionne. C'est un très gros défi, beaucoup de travail. Mais c'était nécessaire parce qu'on a beaucoup de travaux à faire en Suisse romande et on doit s'adapter pour avoir plus de réserves.
Est-ce qu'on est en retard en Suisse romande au niveau de l'infrastructure?
On n'est pas en retard. Les CFF, via la Confédération, vont mettre plus d'un milliard dans l'entretien. On doit refaire à peu près 150 kilomètres de ligne dans les prochaines années, donc un milliard par année pour pouvoir développer le réseau, l'entretenir. On a de très grands projets. Et comme on fait tous ces chantiers, il faut ce qu'on appelle de la réserve, autrement, on aurait des situations de trains non ponctuels, ce que les clients ne veulent pas.
Il n'y avait pas mal de critiques quand vous avez annoncé ce nouvel horaire, parce qu'il y a trois minutes de plus pour la ligne vers Lausanne. La ligne Lausanne-Bienne aussi, c'est huit minutes de plus. Pourquoi ces décisions désagréables?
Simplement pour permettre les travaux. Si vous voulez garder un système qui soit suffisamment ponctuel, ces minutes de plus sont tout à fait acceptables pour les clients. Ce qu'ils ne veulent pas, c'est arriver en retard. Ils ont planifié un horaire, on doit tenir cette ponctualité. Ça, c'est pour nous l'élément primordial. Les chantiers sont souvent une opération à cœur ouvert. On ne s'en rend pas du tout compte, mais nos équipes sont là, doivent faire des travaux, être arrêtées quelques minutes le temps qu'un train passe. Il faut ce qu'on appelle de la réserve.
Les gens aiment s'énerver contre les CFF, surtout par rapport aux retards des trains et aux prix des billets. Quelle est votre marge de manœuvre là-dessus?
Vous savez, je n'ai pas une très grande marge de manœuvre. C'est clair, si les trains sont en retard, je comprends la colère. Cette année, à part les deux jours de neige, on a été très ponctuels. Ça, j'en suis très fier. On fait énormément pour la ponctualité avec les ouvriers, les personnels sur le chantier, les conducteurs de locomotive. Tous ces gens sont impliqués. On les forme, on les sensibilise aux horaires. Et puis les tarifs, vous savez, c'est un mécanisme qui a un équilibre. Il doit tenir compte du fait qu'on reçoit des indemnités de la part des commanditaires, donc la Confédération et les cantons. Si l'indemnité baisse, vous devez compenser avec une augmentation. On a vécu pendant 6 ou 7 ans sans devoir augmenter les tarifs. On a dû le faire à la fin de l'année passée, et ce n'est jamais de gaieté de cœur qu'on le fait. Après, on met des systèmes en place pour les gens, comme l'abonnement demi-tarif ou les billets dégriffés qui marchent bien, pour faire en sorte que les gens puissent quand même à bon prix utiliser les trains.