Reconnaissance de la pénibilité: des propositions "risibles"

Gaétan Zurkinden, secrétaire régional du SSP, revient sur le dossier de la pénibilité du travail pour les employés de l'État.

Gaetan Zurkinden, à gauche, parle avec des employés de l'Etat de Fribourg lors d'une assemblée SSP contre la reforme de la Caisse de prévoyance du personnel de l'Etat de Fribourg (CPPEF) le mercredi 4 mars 2020 a Givisiez. © KEYSTONE

Radio Fribourg : Hausse des salaires pour les fonctionnaires, meilleures conditions de travail, prise en compte de la pénibilité, davantage de moyens pour le service de l'enfance et de la jeunesse, moins d'enfants par classe dans les écoles... Gaétan Zurkinden, vous êtes secrétaire régional pour le syndicat des services publics (SSP) et vous enchaînez les dossiers depuis 2007. Bien sûr, c'est votre travail, mais au-delà de ça, où trouvez-vous la conviction pour mener toutes ces luttes les unes après les autres?

Gaétan Zurkinden: Quand on est syndicaliste, c'est pour défendre les salariés et le service public. Il faut mener ces campagnes et ces combats. On constate de nombreux besoins, parce qu'à Fribourg, on a une politique plutôt conservatrice en matière de services publics. On a toujours été en retard par rapport à d'autres cantons. Donc il y a beaucoup à faire pour les intérêts des salariés et pour améliorer les prestations à la population.

Justement, on va parler de votre prochain combat: la reconnaissance de la pénibilité du travail pour les employés de l'État. Certaines professions comme les cantonniers, les chauffeurs ou les forestiers auront droit à des compensations. On est sur la bonne voie, même pour un canton conservateur?

Cette question de la reconnaissance de la pénibilité du travail, on l'attend depuis la révision de la Loi sur le personnel de l'État de Fribourg en 2022. Mais je ne pense pas que pour l'instant, on puisse être satisfait. Le projet que le Conseil d'Etat pose sur la table est largement insuffisant.

Qu'est-ce qui manque?

Il manque des fonctions qui doivent être reconnues comme pénibles. Actuellement, il y en a six, notamment les cantonniers, les ouvriers spécialisés ou encore les contrôleurs des viandes. Elles doivent évidemment être mieux compensées, mais beaucoup d'autres ont été oubliées. Je pense tout particulièrement au secteur de la santé, totalement exclu, ce qui n'est pas acceptable. S'il y a bien des fonctions dont on reconnaît aujourd'hui qu'elles sont particulièrement pénibles et dont on voit les conséquences avec un nombre important de salariés qui quittent le métier, ce sont bien les professions de la santé. Il faut que le Conseil d'Etat les intègre dans le périmètre de la pénibilité.

Vous allez justement négocier avec le Conseil d'Etat. Quelle est votre marge de manœuvre? Est-ce que vous pouvez gagner de grandes avancées, ou est-ce que c'est un combat perdu d'avance et vous cherchez les petites améliorations?

Ça dépendra beaucoup de la volonté du personnel de se battre, de la mobilisation des gens. En face, on a un Conseil d'Etat qui, sur le papier, est très sympathique, toujours souriant, dit souvent comprendre nos préoccupations. Mais c'est vrai qu'en matière d'avancée, il n'y a rien à se mettre sous la dent. Les propositions faites dans le cadre du dossier de la pénibilité sont honnêtement risibles. On dit par exemple qu'il faut les compenser, puis on propose un jour de congé par année à partir de 45 ans. Ce n'est pas sérieux. Il faut que ça change.

Alors comment est-ce qu'on négocie? Est-ce que dans un cas comme ça, on va jusqu'à la grève?

Une fois de plus, ça dépend du personnel. La stratégie du syndicat est d'être tout d'abord présent en négociation, de présenter les revendications et d'essayer de les faire avancer. Mais le Conseil d'Etat dit généralement qu'il ne négocie pas, il discute. Alors qu'est-ce qui fait la différence ? Le poids de chacun des interlocuteurs. Donc finalement, ça dépend de l'engagement du personnel. Si les professions de la santé veulent des compensations plus importantes, il faudra que les gens se mobilisent, parce que c'est la seule chose qui peut faire changer l'avis du Conseil d'Etat.

Ecouter l'interview complète:

RadioFr. - Loïc Schorderet / Adaptation web: Mattia Pillonel
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