Israël va "prendre toute" la bande de Gaza
Benjamin Netanyahu a déclaré lundi qu'Israël allait "prendre le contrôle de toute" la bande de Gaza. Israël a tué 52 personnes depuis la nuit, selon les secours.

Dans le même temps, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a annoncé qu'il autoriserait l'entrée lundi de camions transportant de la nourriture pour bébés dans le territoire palestinien assiégé et affamé, après un blocus de plus de deux mois.
"Les combats sont intenses et nous progressons. Nous prendrons le contrôle de tout le territoire de la bande", a affirmé le Premier ministre israélien. L'agence humanitaire de l'ONU, Ocha, a pour sa part dit être "en pourparlers" avec Israël, au lendemain de sa décision de lever partiellement le blocus de toute livraison humanitaire à Gaza imposé depuis le 2 mars, décrié à l'international y compris par les Etats-Unis
Parallèlement à l'intensification de ses opérations militaires, Israël mène des pourparlers indirects pour un cessez-le-feu avec le Hamas, dont l'attaque dans le sud d'Israël, le 7 octobre 2023, a déclenché la guerre dans le territoire palestinien, dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien.
Israël fait plus de 50 nouveaux morts
Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a fait état de la mort de 52 personnes dans des bombardements israéliens à travers le territoire palestinien. L'armée a elle appelé à l'évacuation immédiate de divers secteurs du sud de la bande de Gaza, dont le gouvernorat de Khan Younès, en vue d'une "offensive sans précédent".
Des témoins ont décrit à l'AFP des combats près de l'hôpital Nasser de Khan Younès, et une intervention des forces spéciales israéliennes au domicile d'un combattant palestinien.
Scène "d'apocalypse"
"Ils ont exécuté le père, et enlevé son fils et la mère de l'enfant", âgé de 10 ans, affirme Mohammad Sarhane.
Il relate une scène "d'apocalypse", avec des tirs "de partout, des ceintures de feu, des avions de guerre et des hélicoptères", durant laquelle il s'est réfugié avec ses enfants "dans l'endroit le plus sûr de la maison par peur des tirs et des éclats d'obus".
L'armée a dit avoir attaqué dimanche "plus de 160 cibles terroristes" à travers tout le territoire, dont "des postes de lancement de missiles antichars" et des "infrastructures souterraines".
"Des tonnes de nourriture bloquées"
Sur le plan humanitaire, "les autorités israéliennes nous ont approchés pour reprendre la livraison d'une aide limitée", a indiqué l'Ocha, faisant état de discussions en cours sur les modalités.
"Deux millions de personnes sont affamées" à Gaza, alors que des "tonnes de nourriture sont bloquées à la frontière", a déploré le chef de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
"Les gens meurent de maladies que l'on peut prévenir alors que les médicaments attendent à la frontière et que les attaques contre les hôpitaux privent les gens de soins", a-t-il ajouté.
"Sérieuse erreur"
Benjamin Netanyahu, sous mandat d'arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, a annoncé dimanche soir qu'Israël allait autoriser l'entrée à Gaza d'une "quantité de base de nourriture".
Il a précisé lundi que des pays "amis" lui avaient dit ne plus pouvoir soutenir la poursuite de la guerre si des "images de famine de masse" se répandaient. Son allié et ministre d'extrême-droite, Itamar Ben Gvir, l'a accusé de commettre "une sérieuse erreur".
Netanyahu s'est aussi dit dimanche ouvert à un accord incluant la fin de l'offensive militaire, mais sous condition de l'"exil" du Hamas et du "désarmement" du territoire. Jusque-là, le Hamas a rejeté de telles exigences, se disant prêt à libérer tous les otages enlevés le 7-Octobre dans le cadre d'un accord global mettant fin à la guerre et prévoyant un retrait total israélien de Gaza.
"Les gens souffrent"
Israël a repris le 18 mars ses opérations militaires à Gaza, rompant une trêve de deux mois, et dévoilé début mai un plan prévoyant la "conquête" de Gaza et le déplacement de la plupart de ses 2,4 millions d'habitants vers l'extrême sud du territoire.
Mais les capitales occidentales haussent le ton en appelant à faire taire les armes.
"Nous sommes favorables à la fin du conflit, à un cessez-le-feu. Nous ne voulons pas que les gens souffrent comme ils l'ont fait, et nous blâmons le Hamas pour cela, mais il n'en reste pas moins qu'ils souffrent", a affirmé le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, après s'être entretenu samedi, pour la deuxième fois en trois jours, avec Netanyahu.
Les attaques israéliennes ont fait au moins 53'486 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.