"Je me suis mis à entendre des voix"

Les Journées de la schizophrénie ont lieu jusqu'à samedi, l'occasion de parler de cette maladie méconnue. Témoignage.

Blaise Rochat (à gauche) et le Dr. Grégoire Favre témoignent pour casser les préjugés sur la schizophrénie. © RadioFr.

Du 18 au 25 mars 2023, les Journées de la schizophrénie ont pour but d’informer autour de la schizophrénie pour déstigmatiser la maladie et faciliter l’accès aux soins. En Suisse, une personne sur cent est atteinte de schizophrénie. Encore méconnu, ce trouble est encore souvent associé à plusieurs clichés, comme le dédoublement de la personnalité, ou la violence.

"Cette maladie souffre des représentations issues notamment de séries télé ou de films", dénonce Blaise Rochat. Alors âgé de 46 ans, cet infirmier en psychiatrie et enseignant en HES tombe malade. "J'étais très stressé. On m'a diagnostiqué un cancer, j'ai fait une infection du sang et j'ai eu peur de mourir: tout ça en quelques semaines. Pour moi, c'est l'intensité de la souffrance psychique qui fait que j'ai décompensé à ce moment-là." 

Qu'est-ce que la schizophrénie? C'est une maladie psychique caractérisée par la persistance de symptômes psychotiques. Il en existe deux sortes. Des positifs comme les hallucinations, les idées délirantes, ou les désorganisations de la pensée, et des négatifs, comme le retrait social, la difficulté à planifier des actions, ou la perte des émotions liées au plaisir, détaille Grégoire Favre, médecin adjoint au Réseau Fribourgeois de Santé Mentale et responsable de la psychiatrie générale.

"Ce qui a été frappant pour moi, c'est le fait de me mettre à entendre des voix. Je me suis mis à dialoguer avec ces voix. Rapidement, j'ai été complètement dépassé." Blaise Rochat s'isole, se met à délirer, perd le contact avec ses proches, puis tout son réseau social. Son cas sort quelque peu de l'ordinaire, car habituellement la schizophrénie, qui touche davantage les hommes, se déclare entre 15 et 30 ans.  

Cette plongée dans les hallucinations dure quatre ans. Comment s'en est-il sorti? "Je ne sais pas", souffle-t-il après un long soupir. "Je dirais que les choses ont passé progressivement. J'ai suivi un traitement, mais j'ai de la peine à savoir pourquoi j'ai pu me rétablir. J'ai vraiment l'impression d'avoir eu de la chance."

Une maladie qui peut se guérir

"Un tiers des personnes s'en sortent complètement, un tiers va mieux, mais suivent encore un traitement et pour le dernier tiers, malheureusement, la situation n'évolue pas", commente Grégoire Favre. 

Est-ce possible de voir la maladie venir? "On essaie d'être attentif aux premiers signes. On parle de différents stades. Dans le stade 1, il y a des signes annonciateurs de la maladie: cela peut par exemple être une personne anxieuse", explique Grégoire Favre. "On peut agir sur cette phase pour prévenir une décompensation qui entraînerait des symptômes plus intenses." 

Le stade 2, ce sont des hallucinations, des idées délirantes. C'est à ce moment que les gens peuvent être hospitalisés. Au stade 3, les épisodes psychotiques se répètent et au stade 4 la maladie résiste au traitement. Plus d'informations

RadioFr. - Vincent Dousse
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