Kiev prépare une contre-offensive

L'Ukraine a affirmé vendredi tout faire pour "remporter la victoire cette année" contre la Russie. Elle a annoncé une prochaine contre-offensive, le jour du premier anniversaire de l'invasion du pays par l'armée russe qui a vu les premières livraisons de chars lourds.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a aussi rendu hommage aux soldats ukrainiens sur le front et ceux tombés au combat. © KEYSTONE/AP
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a aussi rendu hommage aux soldats ukrainiens sur le front et ceux tombés au combat. © KEYSTONE/AP
A Bruxelles, les immeubles des autorités européennes étaient aux couleurs de l'Ukraine vendredi. © KEYSTONE/EPA/OLIVIER HOSLET
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A Moscou, le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a lui aussi promis la "victoire", affirmant que la Russie était prête à aller jusqu'aux "frontières de la Pologne".

Volodymyr Zelensky, devenu dans le monde entier le visage de la résistance ukrainienne, a fixé l'objectif de vaincre le géant russe "cette année".

"Si les partenaires tiennent parole et respectent les délais, une victoire inévitable nous attend", a-t-il dit dans l'après-midi lors d'une conférence de presse à l'occasion du premier anniversaire de l'invasion russe.

"Si le général (et chef d'état-major américain Mark) Milley souhaite qu'on repousse l'ennemi plus vite, il doit accélérer les livraisons d'armes", a-t-il ajouté, assis dans un fauteuil, vêtu d'un pull noir et d'un pantalon kaki, drapeau et armoiries de l'Ukraine derrière lui.

Premiers chars lourds

En visite à Kiev, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a annoncé plus tôt l'arrivée des quatre premiers chars de combat Leopard 2, et que d'autres blindés arriveraient "dans quelques jours".

Il a également déclaré que la Pologne était "prête" à former des pilotes ukrainiens sur des F16 américains, avions que l'Ukraine réclame sans succès depuis des mois.

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, avait assuré dans la matinée travailler "dur" à une contre-offensive pour frapper la Russie dans "les airs, sur terre, en mer".

Américains et Européens multiplient les livraisons d'armements, envoyant désormais des chars et des munitions de plus longue portée pour aider Kiev à surmonter son déficit numérique avec des armes plus précises que celles des Russes.

Le président Zelensky a aussi rendu hommage dans la matinée aux soldats ukrainiens sur le front et ceux tombés au combat, lors d'une cérémonie sur le parvis de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev.

Petit frère à la guerre

Des commémorations ont eu lieu localement, notamment à Boutcha, site d'un massacre de civils imputé aux troupes russes.

A Kramatorsk, dans l'est, Mykhaïlo Sikirine, un garde national de trente ans tombé au combat, a été enterré. "Il est mort pour l'indépendance et la souveraineté de l'Ukraine", déclare le prêtre au pied de la tombe, "c'est le plus grand sacrifice auquel tout homme aspire".

Dans le monde, le ton était généralement à la solidarité avec l'Ukraine.

L'assemblée générale de l'ONU a exigé jeudi à une majorité écrasante un retrait "immédiat" des troupes russes. Mais il y a eu des abstentions notables, à commencer par la Chine, partenaire stratégique de la Russie.

Le président Zelensky a plaidé vendredi pour faire "un pas en avant pour rencontrer les pays du continent africain", qui ont été nombreux à s'abstenir.

Les dirigeants de l'Otan, de la France, de l'Allemagne, du G7 et de l'UE ont tous réitéré leur soutien à l'Ukraine.

A Paris, la Tour Eiffel a été illuminée jeudi soir aux couleurs du drapeau ukrainien. A Berlin, la carcasse d'un char russe a été installée devant l'ambassade de Russie, le canon tourné vers celle-ci.

Guerre par procuration

Les Occidentaux vont aussi renforcer les sanctions imposées à Moscou. Les Etats-Unis ont annoncé vendredi, en coordination avec les pays du G7, une nouvelle salve, ciblant, entre autres, des entreprises et personnes russes des secteurs du métal, des mines, des équipements militaires ou des semi-conducteurs.

La Pologne bloquait en revanche de nouvelles sanctions de l'UE, selon des diplomates européens. Le premier ministre Morawiecki a martelé que ce dixième train de mesures était "trop mou, trop faible".

La Chine a appelé à tenir des pourparlers de paix russo-ukrainiens, évoquant le respect de l'intégrité territoriale ukrainienne et des revendications sécuritaires russes. Une équation jusqu'ici impossible.

Les Occidentaux ont largement balayé cette initiative, mais M. Zelensky a jugé "nécessaire" de "travailler" avec Pékin. Il a dit prévoir une rencontre avec le président chinois Xi.

Ce sera important pour la sécurité mondiale. La Chine respecte l'intégrité territoriale et doit tout faire pour que la Russie quitte le territoire de l'Ukraine", a déclaré M. Zelensky lors d'une conférence de presse.

Moscou a dit "apprécier" l'effort chinois, mais estimé que l'intégrité de l'Ukraine ne pouvait être respectée, jugeant que l'annexion revendiquée par Moscou de régions ukrainiennes était "une nouvelle réalité territoriale".

Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a estimé que les propositions chinoises étaient une "importante contribution" au règlement du conflit.

De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a réclamé une "paix équitable" dans un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, selon Ankara.

Quant à Ignazio Cassis, il déclaré devant le Conseil de sécurité de l'ONU que la Suisse propose une réunion en lien avec les Conventions de Genève, face aux violations du droit international humanitaire (DIH) perpétrées en Ukraine.

Plus de 150'000 morts en un an

Vladimir Poutine a déclenché au petit matin du 24 février 2022 le pire conflit en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Un an plus tard, des villes entières ont été détruites, une partie du pays est occupée et le bilan humain est de plus de 150'000 morts et blessés dans les deux camps selon des estimations occidentales. Quelque huit millions d'Ukrainiens ont été déplacés.

Passé le choc initial, l'armée ukrainienne a infligé une série de revers au Kremlin, repoussant l'envahisseur de Kiev, du nord, du nord-est et dans le sud. Avec l'hiver, le front s'est stabilisé, mais les deux camps préparent de nouvelles offensives.

Outre la Crimée annexée en 2014, la Russie revendique comme siennes quatre régions de l'est et du sud ukrainien.

Vladimir Poutine a accusé toute la semaine l'Occident de lui mener une guerre par procuration, tout en jurant de poursuivre "méthodiquement" son offensive.

Les combats se concentrent dans l'est, autour de la ville-forteresse de Bakhmout, où les forces russes grignotent difficilement du terrain. Le groupe paramilitaire Wagner y a revendiqué vendredi la prise du village de Berkhivka.

Enfin, la diplomatie russe a accusé vendredi Kiev de vouloir s'en prendre militairement à la Transdniestrie voisine, territoire séparatiste prorusse de Moldavie, où Moscou dispose d'un contingent. Le gouvernement moldave, dirigée par des pro-occidentaux, a rejeté ces allégations.

ATS
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