Killian Mottet: "la saison passée, je jouais à l'envers"

Prêté au HC Ajoie par Gottéron, le Fribourgeois de 34 ans espère relancer sa carrière. Interview.

Killian Mottet s'est trouvé un appartement à Porrentruy. © RadioFr.

Ces derniers mois n'ont pas été de tout repos pour Killian Mottet. À peine la saison terminée, le Fribourgeois est devenu papa d'un petit garçon. Quelques semaines plus tard, il a appris qu'il était prêté au HC Ajoie pour une année, malgré un contrat de deux ans encore valable. En un été, la vie de l'attaquant a été complètement chamboulée.

Heureusement pour lui, le numéro 71 n'a pas été entièrement dépaysé. Car le HC Ajoie, Killian Mottet connaît. Il y avait joué la saison 2012/2013 et n'a laissé que des bons souvenirs aux Jurassiens avec ses 60 points, dont 28 buts.

Plus ajoulot que fribourgeois?

Aujourd'hui encore, il n'y a qu'à se rendre à la Raiffeisen Arena pour s'en rendre compte. "C'est fort ce que je vais vous dire, mais "Kiki" est peut-être plus ajoulot que fribourgeois. On apprécie le joueur, mais l'homme aussi. C'est quelqu'un de très ouvert, de très sympathique… il n'a jamais refusé un autographe ou une discussion", explique Patrick Buchwalder, suiveur du HCA.

Raffi Kouyoumdjian, journaliste du Quotidien Jurassien, partage cet avis: "On entendait souvent les gens dire qu'un jour, Killian Mottet reviendrait. Il y a une proximité assez folle entre lui et les supporters d'Ajoie". 

Pas besoin de discuter avec des Jurassiens pour le savoir: Killian Mottet est toujours disponible, toujours souriant, même pour les journalistes, même quand les temps sont durs.

Après son entraînement, l'attaquant nous accueille chez lui, dans l'appartement qu'il partage avec sa femme, Morgane et leur fils à Porrentruy. Il prend le temps de nous raconter sa nouvelle vie.

RadioFr: Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous êtes revenu à Porrentruy?

Killian Mottet (KM): c'est très spécial. J'ai ressenti beaucoup d'amour des gens. Tout le monde est super gentil, que ce soit le club, le staff ou les joueurs. J'ai tout pour me sentir bien.

RadioFr: Pourquoi vous vous sentez proche du HC Ajoie?

KM: Je ne sais pas. Je n'ai fait qu'une saison ici, mais c'était ma meilleure saison comptable. Déjà ça, ça reste. Et puis, il y a aussi l'affinité avec les gens. On a directement croché. C'est la seule patinoire où j'ai fait la "ola" en portant un autre maillot. 

RadioFr: Ce matin, avant de venir chez vous, j'ai croisé un supporter du HC Ajoie qui m'a dit: "Killian, il est plus ajoulot que fribourgeois." Est-ce qu'il exagère ou est-ce qu'il y a une part de vérité ?

KM: (Rires). Non, je pense qu'il exagère un petit peu. On sait d'où je viens, où je suis né, où j'ai grandi… je suis fribourgeois, mais c'est vrai que j'ai une petite part du Jura en moi.

RadioFr: La première fois que vous avez joué pour le HC Ajoie, vous étiez jeune et vous aviez tout à prouver. Là, vous êtes un peu moins jeune, mais vous avez quand même tout à prouver...

KM: C'est sûr que les choses ont changé depuis mon premier passage à Porrentruy. J'étais un peu innocent. Je ne pensais pas à plus loin qu'au lendemain. Là, j'ai une famille. C'est différent. Par contre, c'est vrai que j'ai quelque chose à prouver. D'abord à moi-même. Je veux me prouver que je sais encore jouer au hockey. Je veux aussi montrer aux dirigeants du HCA qu'ils ont bien fait de m'engager.

RadioFr: Vous dites: "je veux me prouver que je sais encore jouer au hockey". Vous en avez vraiment douté ?

KM: Oui, clairement. La saison passée, c'était comme si je jouais à l'envers. Quand le jeu allait à gauche, j'allais à droite. Et quand il fallait aller à droite, j'allais à gauche. Sortir de cette spirale a été très difficile. Je réfléchissais énormément. Je me posais plein de questions. J'étais à la maison, mais en fait, je n'étais pas vraiment là.

RadioFr: Alors finalement, n'est-ce pas bénéfique de changer d'air ? d'avoir dû quitter Fribourg ? 

KM: Je pense que ça ne peut être que bénéfique, mais c'est toute une organisation. Il faut qu'on trouve un rythme avec ma femme. J'ai déjà eu de la chance que le club m'aide à trouver un appartement rapidement. Morgane va prolonger son congé maternité pour s'habituer à la vie d'ici. On va déjà s'en sortir.

RadioFr: Quand on change de clubs, on implique forcément sa famille...

KM: C'est sûr. C'est à cause de moi si on en est là. J'essaie d'aider Morgane quand je le peux. D'ailleurs, je la remercie pour tous ses efforts. Par exemple, la semaine passée, je suis parti quatre jours à Yverdon pour la Coupe des Bains. Elle a dû s'occuper seule du petit. Mais, avoir un enfant, c'est un vrai moteur. Ça fait un bien fou. Ça change les idées. C'est une nouvelle vie qui commence. On s'adapte à lui, parce qu'il n'a que quatre mois, mais c'est déjà le chef. On peut passer une mauvaise nuit, il peut nous réveiller dix fois, mais le matin, il nous fait un grand sourire et on oublie tout.

RadioFr: Est-ce que le petit a déjà pu vous voir jouer ?

KM: Il est venu au premier match de préparation contre Rapperswil. Il a dormi pendant la moitié du match, mais il a quand même regardé ce qui se passait sur la glace. C'était émouvant de le voir avec son petit maillot du HC Ajoie. 

RadioFr: Vous savez quel match aura lieu le 12 novembre ?

KM: J'ai enfin pu regarder le calendrier et effectivement, ça me dit quelque chose (sourire). Le premier match à Fribourg, j'y pense beaucoup. Cette patinoire, je la connais par cœur. J'imagine l'arrivée avec le bus, la sortie de l'autoroute, les bouchons, aller dans le vestiaire, s'échauffer de l'autre côté de la patinoire… je ne réalise pas vraiment, mais je pense que dès 19 heures 45, je vais tout donner pour piquer trois points à Gottéron.

RadioFr. - Marie Ceriani
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