La hausse du coût de la vie pèse sur les retraités

15% des retraités touchent moins que le seuil de pauvreté à Fribourg. Témoignage d'une personne touchée.

L'augmentation du coût de la vie affecte la qualité de vie de certaines personnes âgées, malgré les aides disponibles. © La Télé

Originaire de La Corbaz, Danielle Schorro est la deuxième d'une fratrie de onze. Elle a commencé à travailler à l'âge de seize ans. "J'ai travaillé en fabrique, puis j'ai été sommelière. Je me suis mariée à 19 ans, puis j'ai travaillé à la Micarna pendant 10 ans avant d'arrêter pour des raisons de santé", raconte-t-elle. La retraitée a terminé sa carrière professionnelle en tant que vendeuse-caissière, un travail qu'elle affectionnait.

Après plus de 40 ans d'activité, elle peine aujourd'hui à boucler ses fins de mois. "Avec mon AVS, je touche 1'545 francs par mois. Si je n'avais pas la complémentaire, je ne sais pas comment je ferais", confie-telle. Mais l'aspect financier porte également atteinte au social: "Je ne peux pas me permettre de sortir quand je veux, de voir du monde... La solitude me pèse aussi."

Le coût de la vie

Avec l'augmentation du coût de la vie, les conséquences se font ressentir. Pro Senectute constate d'ailleurs une inquiétude grandissante chez les personnes âgées. "L'augmentation des prix des produits de nécessité se remarque par beaucoup de gens", relève Kathlyn Joya, assistante sociale chez Pro Senectute Fribourg. "Bien sûr les rentes AVS augmentent, mais pas suffisamment pour pallier cela."

L'assistante sociale constate également une certaine honte chez les aînés de parler de problèmes financiers. "On s'isole avec son problème et on se ferme, on a comme cette crainte que les autres découvrent qu'on a des problèmes. Certaines personnes ne participent pas aux activités qu'on propose parce qu'elles savent qu'elles ne pourront pas payer, par exemple."

40 francs de plus par mois, ça ne va pas beaucoup changer les choses.

Emmanuel Michielan, directeur de Pro Senectute Fribourg, parle lui aussi d'un double problème, financier et social. "On rencontre beaucoup de personnes âgées dans la précarité. Il faut savoir qu'on a un certain nombre d'aides à disposition, mais que toutes ne sont pas utilisées. Il y a aussi des aides AVS qui peuvent être octroyées, ce qui représente près de 800'000 francs dans le canton de Fribourg. Peut-être qu'il faut déjà communiquer sur les aides possibles."

À noter encore que le Conseil national a accepté une réadaptation des rentes AVS d'ici à 2023. "40 francs de plus par mois, ça ne va pas beaucoup changer les choses, lance Emmanuel Michielan. Mais on va dans le bon sens."

Pour ce qui est de l'isolement, le directeur de la fondation pour personne âgées estime que le travail doit être effectué à tout niveau pour éviter ce mal-être. "Les communes peuvent par exemple aussi mettre en place des activités accessibles", souligne Emmanuel Michielan.

La Télé - Noémie Desarzens / Adaptation Web: Rémi Alt
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