La bienveillance, un mot à la mode au travail aussi
Le management bienveillant est un modèle de gestion du personnel qui s'est développé davantage depuis la pandémie. Eclairage.
"Il faut apprendre à réguler son égo, surtout quand on est chef. Parce que l'égo, c'est comme une cible: plus il est grand et plus on arrive à nous atteindre", estime Nadia Gendre, responsable de la communication de la SUVA pour la Suisse romande depuis 15 ans. Pour la Fribourgeoise, un manager bienveillant, c'est d’abord quelqu’un qui se connaît bien, avec ses forces et ses failles. Il doit donc commencer par faire un travail sur lui avant de vouloir appliquer ce modèle de gestion des ressources humaines.
La formation des responsables est donc essentielle. "Il faut leur offrir la possibilité de faire des cours sur la gestion des absences, par exemple, pour se rendre compte ce que coûte une santé mentale des employés qui ne va pas bien", explique Nadia Gendre. Cet absentéisme a des répercussions sur l’environnement de travail, les conflits mais aussi sur l’image de l’entreprise vis-à-vis des clients et pourrait entraîner des difficultés à recruter des nouveaux talents.
A l’heure de la grande démission et de la démission silencieuse, se préoccuper de la santé au travail des collaborateurs est devenue une urgence. Selon la cheffe d'une équipe d'une dizaine de personnes, le management bienveillant contribue à créer un cadre psychologique sûr et apporte une certaine satisfaction au travail. La formation permet également d’apprendre à conduire le personnel de manière saine et en conscience, ainsi que d’échanger avec des collègues.
La bienveillance n’exclut pas la performance, ni le gain.
La logique économique d’une entreprise peut sembler très éloignée de la logique d’un management bienveillant. Un point de vue que ne partage pas Nadia Gendre. "Je suis convaincue que l’argent et la performance ne doivent pas être le but mais le résultat. Le management bienveillant est une manière d’être, une posture intérieure, une manière de conduire et de fédérer les gens et de les faire travailler ensemble."
Comment être bienveillant quand on doit procéder à des contrôles, comme à la SUVA? C’est tout à fait applicable, selon Nadia Gendre, qui fait un parallèle avec les policiers. Dans leur fonction, ils ont pour mission de faire appliquer les règles et si ces lois ne sont pas respectées, ils doivent sanctionner. "Mais ça n’empêche pas que la personne peut être élégante dans sa manière de nous aborder, être dans une considération de l’autre et poser la sanction de manière bienveillante", détaille la responsable de la communication de la Caisse nationale d'assurance. "La bienveillance, ce n’est pas dire oui à tout, tout laisser faire. Au contraire, ça implique de se positionner et d’accepter, des fois, de ne pas être aimé."
