La Chine "plus une priorité" pour la Suisse

L'ambiance s'est refroidie entre la Chine et la Suisse ces dernières années, constate l'expert Gérald Béroud. "La Chine n'est plus une priorité" et s'y intéresser de trop près est devenu "politiquement suicidaire", dit-il.

La dernière visite d'un ou une ministre suisse remonte à 2019. Ici l'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer, alors président de la Confédération à l'époque, rencontrait le dirigeant chinois Xi Jinping. Une délégation économique emmenée par Guy Parmelin devrait se rendre en Chine en 2024. © KEYSTONE/EPA KYODO NEWS POOL/MADOKA IKEGAMI / POOL

"L'ambiance a complètement changé, des deux côtés. Il n'y a plus la même disponibilité à collaborer", déclare le créateur de Sinoptic.ch, unique site suisse d'information sur la Chine, samedi dans Le Temps. Le Vaudois est également vice-président de la Société Suisse-Chine et secrétaire du groupe parlementaire Suisse-Chine.

La Chine s'est crispée ces dernières années, persuadée qu'elle "fait tout juste" et que "l'Occident se fourvoie", estime Gérald Béroud pour qui la pandémie a renforcé cette position. "Les Chinois n'ont pas été confrontés à autre chose que la propagande interne", dit-il.

Côté suisse, la prise de distance est considérable, assure l'expert. "Pour les responsables de la promotion économique, les cantons et la Confédération, la Chine n'est plus une priorité", déclare-t-il. Et s'y intéresser de trop près, "et même de loin", devient "suspect et politiquement suicidaire".

Moins d'étudiants en chinois

S'il y a des domaines où la collaboration reste possible - l'EPFL et l'EPFZ hébergent des centaines d'étudiants chinois -, M. Béroud constate que le nombre d'étudiants en chinois en Suisse diminue. La faute à des perspectives limitées en Chine.

Les sociétés suisses établies dans ce pays n'accèdent toujours pas à certains secteurs économiques, sont plus contrôlées et sont soumises à des réglementations qui ne s'appliquent pas forcément aux entreprises chinoises, déplore le Vaudois. "Le discours servi à l'étranger, c'est l'ouverture; à l'interne, il s'agit de serrer les rangs, résume-t-il. C'est paradoxal".

ATS
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