La désalpe est en avance cette année

La sécheresse de cet été a poussé les agriculteurs a redescendre leur troupeau plus tôt que prévu. Reportage.

Si certains troupeaux sont déjà redescendus, d'autres seront bel et bien au rendez-vous pour les désalpes. © La Télé / KEYSTONE

Dans les alpages fribourgeois, la canicule a laissé des traces. Terre sèche, sol dur, manque d'eau et d'herbe, ces conditions ont contraint les agriculteurs à rentrer en plaine plus tôt que prévu.

"C'est la nature qui commande", se résigne Eric Charrière, qui vient de la région de Cerniat. Il a dû redescendre son bétail avec trois semaines d'avance.

Une production en péril

Romain Castella est directeur de l'interprofession du Vacherin fribourgeois AOP et membre du comité de la désalpe de Charmey. Il n'a pu que constater que la sécheresse aggravait toujours un peu plus la situation déjà précaire des éleveurs de vaches laitières.

Pour les producteurs de vacherin fribourgeois d'alpage, le manque à gagner est important. Le spécialiste parle d'environ 30 à 40%.

Certains des producteurs de vacherin ont donc dû se résoudre à quitter l'alpage dès le mois d'août. En début de saison, d'autres avaient déjà fait le choix de ne monter qu'avec les vaches laitières.

Directives strictes

Côté veveysan, les troupes n'ont pas été épargnées. Deux agriculteurs ont déjà annoncé qu'ils n'attendraient pas le 1er octobre avant de descendre. D'autres risquent encore de s'ajouter à cette liste d'ici la fin septembre.

"L'herbe ne pousse plus à partir du mois d'août", lance Sébastien Grand, co-président de la Société de développement de Semsales. Romain Castella complète qu'à cause de la dénomination fédérale "alpage", les exploitants n'ont pas le droit d'acheminer du fourrage en altitude.

Ils doivent vivre au plus proche de la nature, en autonomie. "Même les sécheresses ne dérogent pas à cette règle", résume-t-il.

Fêter malgré tout

Cela dit, les festivités auront lieu comme d'habitude. Elles prendront place le 24 septembre à Charmey et le 1er octobre à Semsales.

Les Charmeysans indiquent qu'ils attendent six troupeaux pour l'édition 2022. Lors des grandes années, ils en dénombrent douze. Les effectifs qui prennent part à la désalpe changent chaque année. Ce n'est pas nouveau. De nombreux facteurs peuvent influencer leur transhumance, comme les intempéries.

"La liberté de descente doit primer", déclare Sébastien Grand. Les organisateurs ne sont jamais fixés sur le nombre de participants avant le vendredi qui précède la désalpe ou "rindja" en patois fribourgeois. Pourtant, malgré les incertitudes, la tradition perdure. "On ne s'est jamais retrouvés sans troupeau", sourit-il. Paysans, artisans, villageois, citadins et touristes se pressent au marché des artisans et surtout aux abords des routes pour accueillir les paysans et leurs bêtes comme il se doit.

La Télé - Joëlle Marchesi / Adaptation web: Anaïs Rey
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