La France reste intéressante pour les investisseurs suisses

La situation politique instable ne devrait pas tant effrayer les investisseurs suisses, selon un spécialiste du milieu, basé à Villars-sur-Glâne.

Un contexte instable. Alors faut-il continuer à investir en France? Question que se posent sûrement les entreprises étrangères. © envato (image d'illustration)

La crise politique annoncée risque-t-elle de se transformer en crise des investissements? La question est d’actualité alors que le gouvernement de François Bayrou semble condamné à la démission à l’issue du vote de confiance qui se tiendra devant l’Assemblée nationale ce lundi soir. Or, les entreprises et les investisseurs redoutent l’instabilité, synonyme de difficulté à se projeter dans l’avenir.

"Il y a forcément une inquiétude par rapport à l’opportunité que peut représenter le marché français" pour les investisseurs étrangers, observe Olivier de Beaufort, directeur de Polypus Suisse. Avec sa société établie à Villars-sur-Glâne, il conseille les entreprises suisses qui souhaitent s’installer en France. Et selon lui, la probable chute du gouvernement "aura forcément, par effet rebond, un impact sur la confiance" des entreprises qui souhaitent investir en France.

Les investissements publics en repli

Parmi les potentielles menaces, il cite la restriction des aides et des investissements publics, conséquence d’une situation budgétaire dégradée. Les secteurs des énergies renouvelables et de la rénovation énergétiques des bâtiments en sont particulièrement dépendants. "On peut penser que le resserrement de ces subventions puisse impacter certaines entreprises suisses qui interviennent dans ces secteurs et qui auraient vu le marché français comme une opportunité", analyse-t-il.

En revanche, Olivier de Beaufort reste optimiste sur l’intérêt des investisseurs helvètes pour l’Hexagone. "La parité franc suisse-Euro favorable au franc suisse rend les investissements des sociétés suisses en France économiquement intéressants, du point de vue du coût du foncier pour installer une filiale ou une succursale, mais également du coût du travail. Et la France reste un pays dont la main d’œuvre est fortement qualifiée", complète-t-il.

Le luxe et le nucléaire restent attractifs

La présence de grandes entreprises, «championnes nationales», dans des secteurs de pointe participe aussi à maintenir l’attractivité de la France, selon le dirigeant de Polypus. "Le luxe, l’énergie nucléaire, l’industrie pharmaceutique, l’intelligence artificielle dans une certaine mesure… Ces secteurs sont dynamiques en France et extrêmement attractifs pour les sociétés suisses", détaille-t-il.

À ce stade, Olivier de Beaufort ne remarque pas de désintérêt auprès des sociétés qu’il accompagne dans leur installation en France. Mais il nuance: "La situation est en train d’évoluer et les prochaines semaines seront extrêmement importantes à observer. Elles pourraient ouvrir ou fermer certaines opportunités."

En 2023, la Suisse se classait au deuxième rang des plus gros investisseurs en France avec 114 milliards d’Euros d’investissements directs. Elle se situe derrière les États-Unis mais devant l’Allemagne, selon la Banque de France.

RadioFr. - Julien Tinner
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