"La menace russe est là", estime Macron
Le président français a prévenu solennellement les Français, qu'il faudra "des réformes, du choix, du courage", dans la "nouvelle ère" qui s'esquisse face à un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l'Europe et de l'Ukraine.

Lors d'une allocution télévisée, le président français Emmanuel Macron a déclaré avoir pris la décision d'ouvrir un débat stratégique sur la protection par la dissuasion nucléaire française des alliés européens. Cette annonce répond à l'appel du futur chancelier allemand, Friedrich Merz.
Toutefois, M. Macron a tenu à rappeler que "quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées". Il répond ainsi aux critiques de certains opposants politiques français inquiets d'un partage du pouvoir de dissuasion.
Un contexte international sous tension
L'intervention du président français s'inscrit dans un contexte de forte incertitude. Friedrich Merz a en effet jugé nécessaire que l'Europe se prépare à "un pire scénario" dans lequel l'OTAN ne bénéficierait plus de la garantie de sécurité américaine. Cette inquiétude est amplifiée par la nouvelle administration Trump, qui laisse planer le doute sur l'engagement des États-Unis en Ukraine et leur relation avec l'Europe.
Une menace russe grandissante
Le chef de l'État français a rappelé que "la menace russe est là et touche les pays d'Europe, nous touche". Il a souligné que la Russie avait "déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial", tout en menant des actions agressives telles que: l'assassinat d'opposants sur le sol européen, la manipulation des élections en Roumanie et en Moldavie, la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux pour influencer l'opinion publique. Face à cette situation, Emmanuel Macron a averti que "rester spectateur serait une folie".
Une Europe plus autonome
S'il a réaffirmé l'attachement de la France à l'OTAN et au partenariat avec les États-Unis, il a estimé qu'il était temps que l'Europe prenne en main son propre destin : "L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou".
Ces sujets stratégiques seront au cœur du sommet extraordinaire de l'Union européenne, prévu jeudi à Bruxelles, visant à montrer que les Vingt-Sept "accélèrent" dans ce domaine.
Vers un renforcement des capacités militaires européennes
Selon Emmanuel Macron, ce sommet devrait permettre aux États membres d'augmenter leurs dépenses militaires sans que cela soit comptabilisé dans leur déficit public. Il a également annoncé des financements communs massifs pour produire des munitions, des chars et des armes directement sur le sol européen.
Cependant, l'éventualité d'une dissuasion nucléaire européenne rencontre plusieurs obstacles. La France revendique une autonomie décisionnelle totale en matière de dissuasion, qui repose sur l'appréciation du président de la République seul.
Un débat déjà amorcé
Dès février 2020, Emmanuel Macron avait évoqué "la dimension authentiquement européenne" des intérêts vitaux français, suscitant des débats en France. En avril 2024, il s'était déclaré prêt à "ouvrir le débat" sur une défense européenne incluant la défense antimissile et les armes de longue portée, y compris nucléaires.
Tensions commerciales avec les États-Unis
En marge de ces discussions stratégiques, Emmanuel Macron a également abordé la question des relations commerciales entre l'Europe et les États-Unis. Il a jugé nécessaire de préparer l'Europe à d'éventuelles hausses de tarifs douaniers américains sur les produits européens, une décision qui vient d'être confirmée contre le Canada et le Mexique.
"Cette décision, incompréhensible tant pour l'économie américaine que pour la nôtre, aura des conséquences sur certaines de nos filières", a averti le président français.
Il a toutefois assuré que la France et ses partenaires européens se préparent à réagir tout en continuant à chercher des solutions diplomatiques : "Tout en préparant la riposte avec nos collègues européens, nous continuerons à tout tenter pour convaincre que cette décision nous ferait du mal à tous".