En 2020, plus de 720'000 personnes étaient touchées par la pauvreté dans le pays. Être en situation de précarité en Suisse, c’est devoir vivre avec 2'279 francs par mois pour une personne seule et 3'963 francs pour un ménage avec deux adultes et deux enfants de moins de 14 ans. Ce montant doit permettre de payer le loyer, les diverses assurances, les moyens de communication, les soins de santé, les autres frais courant du ménage, ainsi que l’alimentation.
Pour aider les personnes touchées par la pauvreté à avoir un frigo plein, ou du moins suffisamment rempli pour ne pas se coucher le ventre vide, il existe différentes associations. Parmi celles-ci, il y a Saint-Bernard du Cœur, histoire sans faim, basée à la Tour-de-Trême.
Une centaine de bénévoles donnent de leur temps pour préparer des sacs alimentaires pour les personnes et familles qui en ont besoin. Chris fait partie des bénéficiaires de ces sacs alimentaires, il va en chercher une fois toutes les deux semaines en moyenne. «Je travaille à temps partiel pour une commune et je suis aussi suivi par le service social. Le quotidien n’est pas toujours facile», explique cet habitant de Bulle qui doit compter chaque centime. « Pour boucler les fins de mois, je regarde avec les associations. Autrement, je vais chez des amis et ça rend la vie un peu moins dure », poursuit le quinquagénaire.
Face au Covid
Derrière le projet des Saint-Bernard du Cœur, histoire sans faim, il y a Cloclo Maillard, qui s’est lancée il y a quelques années, après avoir elle-même obtenu de l’aide lorsqu’elle en avait besoin. « Je donnais autour de moi, quand je recevais des choses. Finalement, toute une équipe s’est mise en place, avec des commerçants à qui il tenait à cœur de me donner des invendus », explique-t-elle.
Le Covid est ensuite passé par là et a considérablement compliqué cette organisation. «Avec mon mari, on a dit: on arrête tout. Ce n’était pas évident, il fallait avertir les gens qu’ils ne pouvaient pas avoir de contact. Il fallait aussi désinfecter les voitures, sans parler des mains, puis mettre des masques. Et puis un lundi, la commune de Bulle m’appelait pour me dire qu’ils m’avaient trouvé un local». Et c’est comme ça que l’association a finalement posé ses valises à la Tour-de-Trême, dans une vieille bâtisse à côté d’un arrêt de bus.
Ce jour-là, les bénévoles présents ont dû décharger trois camions plein de denrées alimentaires, qu’il a fallu trier et répartir dans les 200 sacs qui avaient été réservés. Chacun contenait des fraises, un sachet d’épices, des légumes. Pour compléter, l’association puise dans ses propres réserves. Des pièces entières servent à entreposer des dizaines de litres de lait, de sauces tomates, des dizaines de kilos de sucre ou de farine.
Une précarité en hausse
Sur certaines étagères, on retrouve aussi désormais des couches pour les familles qui n’ont pas les moyens d’en acheter. «On peut avoir l’impression qu’il y a beaucoup de denrées, mais en fait, ce n’est pas le cas. On ne peut pas donner à chaque personne un kilo de farine ou un kilo de pâtes, il faut dispatcher. A certaines, on donne un kilo de riz, à d’autres, un kilo de pâtes», explique Cloclo Maillard.
Dès le début de l’après-midi, les bénéficiaires se sont succédé, environ toutes les dix minutes, en fonction des horaires des bus. Certains échangeaient quelques mots avec les bénévoles de l’association, d’autres passaient en coup de vent. Ils reviendront certainement la semaine d’après, ou la suivante. En 3 ans, le nombre de bénéficiaires a été multiplié par cinq. En mars 2023, plus de 1200 familles ont fait appel à l’association des Saint-Bernard du Cœur, histoire sans faim.
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RadioFr. - Lauriane Schott