La prise en charge psy des petits Fribourgeois insuffisante
Un rapport pointe du doigt les lacunes dans le domaine. L'État demande également une plus grande implication des parents.

Nos enfants vont-ils psychiquement bien? Difficile de le savoir, les chiffres en la matière manquent. Mais les professionnels de la santé et les enseignants le constatent au quotidien: les besoins en matière de prestations pédopsychiatriques augmentent. Et la réponse à ce jour est insuffisante.
À la demande de plusieurs parlementaires, le canton a fait l'état des lieux de la prise en charge des enfants et des adolescents fribourgeois sur le plan psychique. Dans ce rapport, présenté ce vendredi devant la presse, pas moins de 17 constats.
Parmi eux, le fait que les professionnels en contact avec des enfants en âge préscolaire ne savent pas à qui s'adresser pour signaler un éventuel problème chez un petit. Autre problème: si les parents ont l'obligation de faire établir un bilan médical de leur enfant avant la première rentrée scolaire et d'obtenir une attestation, ils ne fournissent pourtant pas systématiquement le document aux autorités scolaires.
Une attente de deux mois
Le document met en avant d'autres lacunes, comme le manque de prestations pour les jeunes en situation de crise ou encore le nombre insuffisant de pédopsychiatres, avec pour conséquence des délais d'attente pour une consultation pouvant atteindre deux mois.
Les auteurs du rapport listent 14 recommandations visant à améliorer cette situation. Ils préconisent à court terme la création de douze places supplémentaires pour enfants francophones dans le Centre thérapeutique de jour et la création de huit places dans un hôpital de jour bilingue rattaché au Réseau fribourgeois de santé mentale.
Sur le moyen et long terme, le rapport recommande notamment de soutenir les activités de formation des professionnels de la petite enfance et de mettre sur pied des projets pilotes de tandems, composés d'un·e infirmier·ère et d'un·e travailleur·euse social·e pour évaluer les situations problématiques dans les établissements scolaires. Il recommande encore de mener une étude statistique pour cerner plus précisément les besoins des enfants et jeunes présentant des problèmes psychiatriques.
Des parents plus impliqués
Le canton précise avoir déjà pris quelques mesures, comme l'ouverture très attendue du Centre d'Intervention Précoce Intensive (IPI) pour les enfants présentant un trouble du spectre de l'autisme et l'ajout d'une classe germanophone au Centre thérapeutique de jour.
Et il compte poursuivre sur sa lancée, même en cette période de difficultés financières. "Le canton, précise Sylvie Bonvin-Sansonnens, est l'un de ceux qui, selon son budget, met le plus d'argent pour les enfants et les adolescents." Selon la Directrice de la formation et des affaires culturelles, il n'est pas forcément nécessaire de dépenser des fortunes pour améliorer la situation. Des structures existent déjà, il faut mieux les faire connaître et surtout améliorer la prévention.
Notamment auprès des parents qui doivent prendre conscience de la nécessité de signaler les éventuels problèmes avant la première rentrée scolaire de leurs enfants. Ils doivent faire le nécessaire pour obtenir un diagnostic et mettre en place un suivi. Et ensuite collaborer avec les enseignants et les professionnels encadrant leur progéniture. "La clé, c'est vraiment la mise en réseau autour de l'enfant", souligne Sylvie Bonvin-Sansonnens.