"En tant qu'ostéopathe, on perd la notion de pudeur"

Jeune diplômé, Sébastien Bard jette un regard photographique sur la formation en ostéopathie. Rencontre.

La pudeur est une notion à relativiser lorsqu'on fait des études en ostéopathie, d'après Sébastien Bard. © Frapp

Tout est parti d'un projet de photojournalisme porté sur les études d'ostéopathe de Sébastien Bard, 26 ans. Après avoir envoyé ses clichés à la Haute école de santé de Fribourg pour en décorer les murs intérieurs, qui "manquaient un peu de vie artistique", le Fribourgeois a été encouragé à voir plus grand. Il présente en ce moment l'exposition "Ces mains qui soignent", à voir jusqu'à mi-janvier au sein du bâtiment Mozaïk, situé à la route des Arsenaux (Fribourg).

"Le fil rouge, d'un point de vue très pragmatique, se dirige sur les études d'ostéopathie, le rapport que les étudiants ont entre eux et comment ils apprennent à toucher", raconte le jeune professionnel. "Le but est de mettre en lumière ce tri qui est fait dans le métier entre l'aspect médicinal, souvent très rigide, et cette partie un peu plus artistique, parfois un peu moins claire."

Photo: Sébastien Bard

Désacraliser le corps, il faut bien ça pour pouvoir manipuler les patients dans les moindres coins. "En tant qu'ostéopathe, on perd la notion de pudeur. Très vite dans nos études, on se retrouve à palper les muscles des fesses", raconte Sébastien Bard. Cet aspect du métier a nourri son projet photo. "Par ce biais, on peut essayer de banaliser les injonctions de la société. C'est la première chose que je souhaite montrer à travers cette exposition: pour moi, un corps reste magnifique, peu importe ses cicatrices, ses vergetures, une quelconque forme de surpoids ou de sous-poids."

Photo: Sébastien Bard

Pour parvenir à ce produit final, l'ostéopathe-photographe s'est investi durant plus de deux ans sur différents plans. Les photos ont été réalisées d'octobre 2020 à janvier 2021, puis quelques mois se sont écoulés jusqu'à la démarche du vernissage. "C'est beau de voir le résultat d'un travail sur le long terme comme celui-ci", confie Sébastien Bard.

Pour ce qui est du nom, "Ces mains qui soignent", il convenait d'en dire assez, mais sans en dire trop... "Le titre doit pouvoir susciter une forme d'engouement pour le lecteur. J'ai pris deux thèmes principaux: les mains, qui sont comme un outil de travail, et la deuxième partie qui fait intervenir l'aspect médical avec la notion de soins."

Frapp - Rémi Alt
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