"Soignez-moi.ch", la start-up de télémédecine vise plus loin

Après 3 ans d'activité, la plateforme romande va lancer son service en Suisse alémanique. Entretien avec son directeur médical.

Co-fondée par Daniel Fishman, la plateforme "Soignez-moi.ch" donne accès à des médecins généralistes à distance. © soignez-moi.ch/Frapp

Fondée par trois Romands, "Soignez-moi.ch" débarquait en octobre 2019, juste avant la pandémie. Aujourd'hui, cette entreprise emploie 14 médecins à temps partiel, pour des soins de premier recours. Tous exercent en parallèle une activité dans un cabinet ou au sein de permanences.

Le principe: le patient répond à un questionnaire en ligne sur son état de santé sur la base de presque 40 symptômes. Dans l'heure, un médecin peut lui transmettre une ordonnance électronique sécurisée, ou lui prescrire des analyses à faire en pharmacie. Dans les cas grave, le site oriente la personne vers les urgences.

Le site réalise chaque jour une trentaine de consultations à distance. "On n'est pas encore connu", commente le Dr. Daniel Fishman, directeur médical de "Soignez-moi.ch". Travaillant aujourd'hui à Bulle après avoir pratiqué la médecine d'urgence au CHUV, le co-fondateur compte sur le lancement de la plateforme en Suisse alémanique dans le courant de l'année pour gonfler les chiffres.

Le montant de la consultation s'élève désormais à 59 francs, pris en charge par les assurances maladie de base. Revu à la hausse, ce tarif reste, par exemple, inférieur à celui d'un passage chez un généraliste. Un argument de poids: plus de 20% de la population suisse a renoncé à se soigner pour des raisons financières, selon un sondage mené en 2020.

Mais la télémédecine a ses limites. "Si des maux de ventre ne sont pas immédiatement identifiables, ils nécessitent un examen physique. Dans ce cas-là, le programme explique au patient qu'il a besoin de consulter en présentiel", insiste

Solution ponctuelle

Le profil type des patients? Des personnes actives, qui maîtrisent les outils numériques. Certaines n'ont pas de médecin traitant. "On peut traiter leur problème du jour, mais on ne se substitue pas à un professionnel de premier recours", prévient Daniel Fishman. "En revanche, on remplace le médecin qui n'est pas disponible, et ça c'est un scénario beaucoup plus fréquent."

Pour le directeur médical, soulager les urgences et freiner les coûts de la santé doit encore passer par des outils d'évaluation à disposition des patients. Cet algorithme de tri est déjà utilisé dans des hôpitaux de La Tour à Genève et à Bienne. Dans ces établissements qui sont orientés vers la télémédecine, les patients peuvent ainsi évaluer l’importance de leur pathologie et la nécessité de consulter un médecin très rapidement. Pour l'instant, des discussions sont en cours avec des hôpitaux fribourgeois, l'HFR ou l'HIB, mais aucun partenariat n'a encore été noué.

RadioFr. - Maëlle Robert / an
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