La traite robotisée autorisée dans la filière du vacherin

L'Interprofession du vacherin fribourgeois a accepté officiellement l'utilisation de la traite robotisée, mais à plusieurs conditions.

Des essais ont eu lieu lors de l'été 2020 pour vérifier que la traite automatisée n'altère pas la qualité du lait. © KEYSTONE

Dès le 1er janvier 2022, la traite automatisée sera bien officiellement autorisée pour les producteurs qui fournissent du lait pour la filière du vacherin AOP. Réunis en assemblée extraordinaire à Bulle, les délégués de l'Interprofession du vacherin fribourgeois ont accepté ce changement jeudi.

Jusqu'ici, les robots de traite étaient tolérés dans la filière du vacherin, mais les choses sont désormais clarifiées. Et le nouveau règlement pose également des conditions. D'abord, tous les partenaires (le fromager, la société de laiterie, l'Interprofession) doivent être d'accord. Ensuite, la fréquence des traites est aussi encadrée: "Contrairement au système traditionnel, où les vaches sont traites deux fois par jour, lorsque la traite est automatisée, les vaches peuvent choisir quand elles vont se faire traire, explique Romain Castella, directeur de l'Interprofession du vacherin fribourgeois. Mais les nouvelles règles préconisent que les vaches ne doivent pas aller se faire traire plus fréquemment que toutes les neuf heures".

Des intervalles indispensables à respecter, pour une question de qualité du lait, et donc du produit final qu'est le fromage: "On a remarqué que les molécules d'acides gras libres importantes dans la constitution des fromages sont prêtes à être transformées uniquement à partir d'un certain temps dans les mamelles des animaux", justifie le directeur de l'Interprofession du vacherin fribourgeois. Ces résultats ont été obtenus après plusieurs tests comparatifs grandeur nature réalisés à l'été 2020, avec des analyses à différents stades de la production, du lait jusqu'à l'affinage.

Un destin différent du gruyère

L'Interprofession du vacherin prend donc un autre chemin que l'Interprofession du gruyère, qui a banni les robots de traite depuis 2012, pour une question de qualité du lait justement: "L'ennui avec cette traite automatisée, c'est le manque de constance dans la qualité du lait, qui se ressent surtout après plusieurs mois d'affinage du fromage, relate Philippe Bardet, directeur de l'Interprofession du gruyère. Cela peut donner un goût rance au bout de cinq mois - période à laquelle on peut commencer à manger du gruyère -, alors que le vacherin se mange plus vite, après une durée d'affinage comprise entre trois et cinq mois seulement". Ces deux fromages, s'ils sont cousins et se marient bien dans la fondue fribourgeoise, restent également bien différents: pâte dure et lait cru (chauffé à 40 degrés maximum) pour le gruyère ; pâte mi-dure et lait thermisé (chauffé à 68 degrés maximum) pour le vacherin.

Mais cette décision validée ce jeudi concernant la traite automatisée ne va pas non plus bouleverser les filières des fromages AOP, selon Romain Castella, de l'Interprofession du vacherin fribourgeois: "Cela ne va pas faire exploser l'utilisation de la traite automatisée". Aujourd'hui, 800 producteurs livrent du lait pour la filière AOP, gruyère et vacherin. Seuls 20% d'entre eux livrent du lait pour la fabrication de vacherin uniquement. Les autres livrent aussi du lait pour la fabrication du gruyère. Ils seront donc soumis à un cahier des charges toujours aussi strict pour l'instant.

Cette clarification va donc avoir des conséquences pour une petite quinzaine de producteurs seulement. Mais elle constitue aussi un signal fort pour le milieu agricole: "cela permet aux producteurs qui le souhaitent d'investir dans des nouvelles technologies avec moins d'incertitudes".

RadioFr. - Maëlle Robert
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