Lacunes dans l'accueil des femmes victimes

Le nombre de places d'accueil pour les filles et les jeunes femmes victimes de violences est insuffisant dans les cantons. Un rapport dévoilé par le Conseil fédéral mercredi recommande d'agir, dans un contexte de hausse des violences.

Les cantons doivent faire mieux sur l'accueil d'urgence pour les femmes et filles victimes de violences. C'est ce qui ressort d'une étude dévoilée mercredi par le Conseil fédéral (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Le nombre de filles et de jeunes femmes victimes de violences a augmenté ces dernières années. La statistique policière de la criminalité a recensé 1819 cas en 2020, soit une augmentation de près d'un quart par rapport à 2012. Parmi les cas recensés en 2020, 190 filles (10,5%) ont été victimes de violences graves, ce qui représente une augmentation de 82,7% par rapport à 2012.

Un sondage mené auprès de différentes organisations (centres de consultation pour l'aide aux victimes, police, autorités de protection de l'enfant et de l'adulte ou services de consultation pour enfants et adolescents) a lui révélé plus de 1000 cas de filles et de jeunes femmes victimes de violences en 2020. Environ 500 d'entre elles ont été accueillies dans des foyers ou des centres d'hébergement d’urgence.

Ces chiffres ressortent d'une étude consacrée aux femmes entre 10 et 25 ans, menée en réponse à un postulat de la conseillère nationale Falvia Wasserfallen (PS/BE). Le postulat réclamait des statistiques précises sur les violences physiques, psychiques ou sexuelles, jugées lacunaires en Suisse. Il demandait aussi de faire le point sur les places d'accueil disponibles pour offrir un refuge aux femmes en cas de situation d'urgence.

Offre inexistante en Suisse romande

Sur l'ensemble du pays, l'étude a identifié une trentaine de refuges ou de centres d'hébergement d'urgence ayant accueilli des filles et des jeunes femmes victimes de violences en 2020. Mais seul le foyer pour filles de Zurich, jugé exemplaire, offre un refuge exclusivement destiné aux filles et jeunes femmes. Il a accueilli en 2020 55 jeunes femmes âgées de 14 à 20 ans, avec un nombre de séjours de courte durée (de 4 à 14 jours) ayant plus que doublé par rapport aux années précédentes.

Deux tiers des organisations et des spécialistes interrogés estiment que l'offre d’hébergement est actuellement insuffisante ou inadaptée. L'étude arrive à la conclusion qu'il faudrait 36 places d'accueil supplémentaires pour répondre à la demande croissante attendue ces cinq prochaines années. En particulier dans les régions où une telle offre est toujours inexistante à ce jour: Suisse romande, Suisse centrale, et Tessin.

Violences dans le couple

Parmi les raisons poussant les personnes à recourir à ce type d’hébergement, l'étude cite la violence physique, sexuelle ou psychologique subie en particulier dans le cercle familial. Mais aussi au sein du couple.

Les cantons sont compétents pour créer des places d'accueil. La Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales va désormais évaluer l'offre en la matière et faire des propositions pour combler les lacunes constatées, se félicite le Conseil fédéral.

Cette évaluation est une des mesures du Plan d'action national pour la mise en œuvre de la Convention d'Istanbul, adopté la semaine dernière. Plusieurs mesures de ce plan d'action tiennent compte des recommandations de l'étude. Il prévoit notamment des mesures de formation continue pour les spécialistes et les bénévoles en contact avec des victimes de violences, ainsi que des mesures de soutien pour des projets visant à promouvoir la non-violence dans les écoles et à aider les parents des victimes.

Dans le cadre de la stratégie nationale Égalité 2030, le Conseil fédéral examinera également l'opportunité de réaliser une enquête auprès de la population sur les différentes formes de violences, afin d'améliorer les données générales disponibles sur cette problématique.

ATS
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