Trump veut "libérer" Los Angeles, sous couvre-feu partiel

La ville de Los Angeles, où des heurts ont opposé policiers et manifestants rejetant les expulsions de sans-papiers, est envahie par des "ennemis étrangers", a assuré mardi le président américain Donald Trump. "Cette anarchie ne se poursuivra pas", a-t-il averti.

Des manifestants courent pour éviter d'être pris en étau par la police lors des manifestations contre les raids de l'administration Trump sur l'immigration à Los Angeles, lundi 9 juin 2025. © KEYSTONE

Le président américain Donald Trump a promis mardi de "libérer" Los Angeles d'une invasion d'"ennemis étrangers", au cinquième jour de heurts entre policiers et manifestants opposés aux expulsions de sans-papiers. La maire a décrété un couvre-feu dans le centre-ville.

Le couvre-feu est en vigueur de 20h00 locales à 06h00 "pour mettre fin aux actes de vandalisme et de pillage", a déclaré la maire démocrate de la ville, Karen Bass. "La nuit dernière, 23 commerces ont été pillés et je pense que si vous traversez le centre-ville de Los Angeles, les graffitis sont omniprésents et ont causé des dommages importants aux commerces et à un certain nombre de propriétés", a-t-elle ajouté.

Depuis vendredi, la deuxième plus grande ville américaine, à forte population d'origine hispanique, est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l'immigration (ICE) contre les sans-papiers et des forces de l'ordre en tenue anti-émeutes. Ces affrontements sont néanmoins restés sporadiques et localisés.

"Anarchie"

Les rues sont restées relativement calmes mardi dans le centre-ville, y compris dans le quartier de Little Tokyo, après un face-à-face nocturne entre des manifestants tirant des feux d'artifice vers des policiers et ces derniers ripostant avec du gaz lacrymogène. Des agents de la police de Los Angeles (LAPD) sont toutefois intervenus pour procéder à des arrestations parmi quelques centaines de manifestants devant un tribunal.

Un peu plus loin, une centaine de personnes se sont brièvement rendues sur une autoroute, interrompant la circulation.

Alors que le président républicain, qui fait planer la menace de recourir à l'état d'urgence, a ordonné le déploiement de milliers de militaires supplémentaires, le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom tente lui de l'en empêcher, par voie judiciaire. Des centaines de Marines sont attendus en renfort dans la mégapole californienne.

"Cette anarchie ne se poursuivra pas. Nous ne permettrons pas que des agents fédéraux soient attaqués et ne laisserons pas une ville américaine être envahie et conquise par des ennemis étrangers", a lancé Donald Trump lors d'un discours sur une base militaire.

D'autres villes touchées

Il a menacé de recourir à l'Insurrection Act, régime d'état d'urgence qui confère au président le pouvoir d'utiliser les forces armées dans des missions de maintien de l'ordre sur le territoire américain.

Quelque 700 Marines, un corps d'élite normalement utilisé comme force de projection extérieure, doivent rejoindre 4000 militaires réservistes de la garde nationale déjà mobilisés par Donald Trump, auquel il est reproché d'avoir pris des mesures disproportionnées.

Le déploiement de militaires, dont le coût est estimé à 134 millions de dollars par le Pentagone, durera "jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de danger", a indiqué Donald Trump.

Les protestations ont gagné d'autres métropoles américaines, avec parfois des accrochages. Mardi en début de soirée, quelques milliers de personnes ont ainsi marché dans le sud de Manhattan pour protester contre la politique migratoire de Donald Trump.

"Je suis ici pour défendre ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix", a expliqué à l'AFP une jeune femme née aux Etats-Unis d'une mère mexicaine sans statut officiel. "Franchement, ce pays ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans les immigrés", a-t-elle ajouté en requérant l'anonymat.

Goudron et plumes

Entretemps, la polémique enfle sur la démonstration de force de Donald Trump. "Déployer dans la rue des combattants entraînés pour la guerre est sans précédent et menace le fondement même de notre démocratie", a dénoncé Gavin Newsom, considéré comme un candidat potentiel à la Maison-Blanche pour 2028. "Donald Trump se comporte comme un tyran, pas comme un président."

La garde rapprochée du président a, elle, surenchéri dans la défiance envers les autorités californiennes. Gavin Newsom "mérite le goudron et les plumes", a affirmé le patron républicain de la chambre des représentants Mike Johnson.

Interrogé sur la réaction du gouvernement Trump face à ces manifestations et celles du 6 janvier 2021, lorsqu'une foule de partisans de Trump avait envahi le Capitole, il a répondu qu'il y avait "une nette différence".

ATS
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