La Suisse choisit des F-35 américains
Le Conseil fédéral a tranché mercredi en faveur des F-35A du constructeur Lockheed Martin pour ses futurs avions de combat.
Le Conseil fédéral propose au Parlement l'acquisition de 36 de ces jets pour remplacer les 26 F-5 Tiger et les 30 F/A-18 vieillissants de l'armée. Il a en outre porté son choix sur cinq unités de feu Patriot produites par l’entreprise américaine Raytheon pour la défense sol-air de longue portée.
Le F-35 a largement dépassé les trois autres avions de chasse en lice - le Rafale du français Dassault, l'Eurofighter de l'européen Airbus et le Super Hornet de l'américain Boeing - lors de l'évaluation effectuée au printemps 2019. Il présente le meilleur rapport qualité-prix et est le mieux adapté pour protéger la population suisse, estime le gouvernement.
Lors des tests, le F-35A s'est à chaque fois détaché en affichant l’utilité globale la plus élevée. Il a obtenu 336 points, soit le score le plus élevé, loin devant ses concurrents.
Trois critères sur quatre
L'avion américain affiche aussi le meilleur résultat pour trois des quatre critères principaux: efficacité, support du produit et coopération. Il n'obtient pas le meilleur score dans le domaine des affaires compensatoires directes pour l'instant. Les Américains devront néanmoins compenser 60% de la valeur de la commande au plus tard quatre ans après la dernière livraison.
Le F-35A est aussi de près de 2 milliards de francs meilleur marché que ses concurrents. Le coût serait de 5,068 milliards de francs selon les offres de février 2021. Il se situe donc dans l'enveloppe de 6 milliards de francs que les Suisses ont acceptée en septembre dernier, rappelle le Conseil fédéral. Même avec le renchérissement, le cadre sera respecté.
Les coûts d'exploitation du F-35A sont aussi plus avantageux que ceux des autres avions. Ils se montent à 15,5 milliards de francs sur 30 ans.
Défense sol-air
Le système de défense sol-air de longue portée Patriot se distingue aussi par rapport à son concurrent SAMP/T dans les quatre critères principaux. Cinq unités seront nécessaires pour couvrir la défense de la zone de 15'000 kilomètres carrés.
Patriot est aussi le moins cher. Il devrait coûter 1,970 milliard de francs. Ses coûts globaux s’élèvent à environ 3,6 milliards sur 30 ans, coûts d’exploitation compris. L’obligation de compensation de 100% de la valeur de la commande doit être remplie là aussi dans son intégralité au plus tard quatre ans après la dernière livraison.
Le 27 septembre, les Suisses ont dit "oui" aux nouveaux avions de combat, de justesse, par 50,1% des voix. La publicité pour le F-35A de Lockheed Martin faite par le président américain Joe Biden auprès du président de la Confédération Guy Parmelin en marge du sommet de Genève pourrait avoir porté ses fruits.
En choisissant le F-35A de Lockheed Martin, le gouvernement s'est tourné vers l'avion le plus moderne de sa sélection. La technologie de cet avion monomoteur, furtif et multirôle, est très avancée et contribue à sa réputation, selon les experts.
Initiative annoncée
Le choix du F-35A ne fait toutefois pas l'unanimité. Une coalition composée du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), du PS et des Verts a déjà indiqué vouloir lancer une initiative contre cet achat. Le F-35A présente des défauts techniques, dont certains peuvent même entraîner la mort du pilote, selon ses opposants.
Des critiques ont aussi été faites sur l'accès aux données de sécurité. Le Conseil fédéral estime avoir pris compte des dépendances technologiques du fabricant et du pays de fabrication, des dépendances qui ne peuvent pas être totalement exclues lors de l’acquisition de systèmes.
Cependant, il a été démontré que tous les candidats garantissaient l’autonomie nécessaire des données, fait valoir le gouvernement. Le F-35A assure tout particulièrement bien la cybersécurité. Il assure la cybergestion, la sécurité de l’architecture de calcul et les mesures axées sur la cyberprotection de manière exhaustive.
Comme tous les autres candidats, le F-35A permet à la Suisse de déterminer elle-même les données qu’elle veut échanger avec d’autres forces aériennes ou les données logistiques qu’elle veut renvoyer au constructeur. L'exploitation et la maintenance de l’avion seront effectuées en Suisse par les Forces aériennes et RUAG.