L'Autorité palestinienne surprise par Berne

L'ambassadeur palestinien à l'ONU à Genève condamne la volonté du Conseil fédéral de mettre le Hamas sur une liste terroriste et la décision suisse de suspendre l'aide aux ONG. La Suisse devrait considérer Benjamin Netanyahu comme terroriste, a-t-il dit jeudi à Genève.

L'Autorité palestinienne ne comprend pas les décisions récentes de la Suisse (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

"La Suisse a des relations avec le Hamas. Le Hamas n'est pas une organisation terroriste", a dit Ibrahim Khraishi aux correspondants accrédités à l'ONU à Genève (ACANU). Selon lui, le groupe islamiste fait partie de la société palestinienne. Le Conseil fédéral avait décidé récemment d'explorer les approches légales qui permettraient de considérer le Hamas comme terroriste.

"La Suisse et d'autres pays devraient plutôt mettre Smotrich (le ministre israélien des finances Bezalel Smotrich, NDLR), Ben-Gvir (le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir) et Netanyahu (le Premier ministre israélien) sur une liste de terroristes", a-t-il ajouté.

M. Khraishi accuse le chef du gouvernement israélien et le président américain Joe Biden de "mensonges", notamment sur les décapitations de dizaines de bébés par le Hamas. "Personne ne peut imaginer cela", "honte à eux tous !", insiste-t-il, ciblant les déclarations américaines et se disant prêt à condamner les actes du groupe islamiste quand les Occidentaux déploreront les décès de civils palestiniens. Selon lui, près de 7000 d'entre eux ont été tués ces deux dernières semaines.

Il demande au Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk de vérifier la liste des victimes israéliennes. "Nous ne leur faisons pas confiance", dit-il des autorités israéliennes.

De même, l'ambassadeur palestinien se dit "surpris" par l'annonce mercredi du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de suspendre son aide à six ONG palestiniennes. Selon lui, Berne a peut-être attendu que les élections fédérales aient eu lieu avant d'officialiser cette décision.

Rencontre avec Cassis prévue

Il rejette les accusations de ceux qui affirment que ces entités détournent les financements reçus. "Nous n'autoriserions aucun blanchiment d'argent de la part d'ONG", dit-il.

Il dit qu'il se rendra la semaine prochaine à Berne pour voir le conseiller fédéral Ignazio Cassis. Pas seulement pour le réprimander, mais pour en appeler à lui. L'Autorité palestinienne considère encore que la Suisse a un rôle à jouer pour apaiser la situation.

Au Conseil de sécurité de l'ONU, "la Suisse a eu un discours équitable et acceptable" qu'elle devrait utiliser auprès des autres membres, insiste-t-il. Il en appelle également au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour débloquer la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

Occidentaux ciblés

La communauté internationale "n'arrive même pas à faire entrer un litre d'eau" dans ce territoire, déplore-t-il. Il met en garde contre les nombreuses victimes qui pourraient être observées en raison du manque de nourriture.

Et M. Khraishi dénonce un double standard dans les condamnations occidentales, qui s'en sont pris à la Russie mais refusent de cibler les exactions israéliennes qui se poursuivent. Répétant les accusations d'"incitation au génocide", de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre contre le gouvernement israélien, il a réitéré que les Palestiniens ne doivent pas quitter la bande de Gaza, sous peine de ne plus pouvoir revenir.

Interrogé sur la viabilité d'une solution à deux Etats, il explique que ce scénario n'a jamais été "le choix" des Palestiniens. La communauté internationale doit surtout pousser pour un cessez-le-feu et pour faire ouvrir les frontières pour l'assistance vers la bande de Gaza, affirme encore l'ambassadeur palestinien.

ATS
...