Le FC Givisiez jette l'éponge en 2e ligue fribourgeoise
Coup de tonnerre dans le football fribourgeois: le FC Givisiez retire sa première équipe. Récit d'un fiasco annoncé.
La "une" du FC Givisiez n'aura jamais réussi à trouver son rythme de croisière cette saison. Pour son second exercice en deuxième ligue fribourgeoise, les Sarinois n'ont jamais quitté le bas du tableau, en ne récoltant qu'un point en treize rencontres.
Ce premier tour décevant s'explique notamment par les nombreux départs au sein de l'effectif cet été. La première équipe de Givisiez ne comptait alors plus que six joueurs au début de la préparation estivale, en juillet 2024.
La semaine dernière, le retrait des Sarinois est venu clore ce chapitre difficile. Interrogé par RadioFr., le président de l'Association fribourgeoise de football, Benoît Spicher, explique avoir reçu la décision du club par courrier.
La réaction du club
"C'est un mélange de plusieurs sentiments. Nous sommes tristes, car c'est beaucoup de travail pour monter en deuxième ligue, mais c'est aussi un soulagement, parce que ce n'était vraiment pas une situation agréable", concède Emmanuel Kernen, coprésident du FC Givisiez.
Laurent Rossier, ancien président du club et actuel président d'honneur, se dit effondré: "C'est une catastrophe, pour moi, c'est la mort du club."
Emmanuel Kernen tempère: "Nous n'allons pas laisser tomber, nous voulons repartir de la base avec un mouvement junior fort." Pour l'instant, le club compte encore une 4e ligue, des séniors et trois équipes de juniors. Les membres du club devraient en apprendre rapidement davantage ; une séance d'informations a lieu à la buvette du FC Givisiez mercredi soir.
Les raisons de ce retrait
Alors, pourquoi ce retrait? Pour les coprésidents Emmanuel Kernen et Maël Berger, l'équation était la suivante: continuer ainsi avec de très probables nouvelles lourdes défaites ce printemps ou retirer l'équipe pour tenter de reconstruire quelque chose en partant de la base. C'est la deuxième option qui a été retenue.
Emmanuel Kernen et le comité ont bien tenté de recruter de nouveaux joueurs, mais, selon le coprésident, ils n'étaient pas très convaincus par le plan "sauvetage de l'équipe" et ils demandaient tous à être payés. Retirer une équipe de deuxième ligue a aussi un coût: 3'000 francs. Selon le club, cela reste un meilleur choix que de continuer avec des jeunes joueurs et de les dégoûter.
Un secret de Polichinelle…
Ce retrait ne sonne pas complètement comme une surprise dans le "foot" de talus. La situation tendue de "la première" du FC Givisiez était connue de tous les amateurs de ballon rond dans la région. Mais comment expliquer ce retrait alors qu'en juin 2023, le club célébrait son retour dans l'élite du foot cantonal après trois décennies d'absence?
Il semble que l'ambiance au sein du club et des organes dirigeants se soit détériorée. À l'été 2024, Laurent Rossier donne sa démission après une décennie passée au poste de président. "On m'a poussé vers la sortie, explique celui qui est désormais président d'honneur, le comité du Club des Cent a voulu me mettre dehors."
...nommé argent
Pour lui, le départ d'une dizaine de joueurs est lié à sa démission. "C'étaient des joueurs qui étaient là pour moi. On avait des liens forts." Et si c'était l'argent, comme si souvent dans le foot de talus, qui était là aussi le nerf de la guerre? "Non, le club n'a jamais sorti un centime", répond Laurent Rossier.
Mais il concède que des sponsors ont "défrayé" des joueurs pour monter en deuxième ligue. "Oui, on donnait des primes à des joueurs: 500, 1'000, 1'500 francs… mais c'était pour monter. Nous n'avons jamais dit que nous continuerions une fois en 2e ligue", explique Laurent Rossier.
Des voyages au Portugal pour se sauver
Le printemps dernier, Laurent Rossier, un mécène et des supporters vont jusqu'à payer des voyages pour un joueur qui se trouve au Portugal. "Il n'a rien gagné, on lui a payé les billets d'avion et il a fait des super matchs, on s'est maintenus!"
Est-ce ce fonctionnement qui a déplu au sein du club? Difficile de le savoir. "Tout ça, c'est du passé, nous voulons aller de l'avant et sans payer", répond Emmanuel Kernen. Le président du Club des Cent, Philippe Mottas, n'a lui pas souhaité s'expliquer en détails sur le départ de Laurent Rossier: "Je peux juste dire qu'il n'a pas répondu avec satisfaction à nos questions."
Des conséquences sur le championnat
Au niveau du classement, le retrait des Sarinois les condamne à la dernière place avec 0 point. Leur nouveau statut est d'ores et déjà mentionné sur le site web de l'Association fribourgeoise de football.
"Le FC Givisiez est donc la première équipe reléguée, explique Benoît Spicher. En deuxième ligue fribourgeoise, il y aura une seconde équipe reléguée, peut-être plus en fonction de ce qu'il se passe en deuxième ligue inter."