Le Grounding de Swissair ou la fin d'un mythe
le 2 octobre 2001, la Suisse apprenait que sa prestigieuse compagnie aérienne était criblée de dette et incapable de payer ses factures.

Vous vous souvenez peut-être de ces images: une multitude d'avions de ligne à croix blanche sur fond rouge, bloqués sur le tarmac d'aéroports. Et celles de ces nombreux passagers scrutant des panneaux d'affichage, l'air hagard!
Il y a 20 ans, Swissair tombait de son piédestal. Considérée comme l'une des meilleures compagnie aérienne au monde, elle était en réalité en perdition. Au point que ce 2 octobre 2001, elle se retrouve sans liquidité, incapable même d'honorer ses factures de kérosène. Ses avions ne peuvent plus décoller, son personnel naviguant et quelque 40'000 passagers se retrouvent bloqués un peu partout dans le monde.
Des employés pris en otage
"C'est comme si on disait: la Suisse fait faillite" ! Mélanie Freymond venait de quitter Swissair après deux ans et demi comme hôtesse de l'air quand le Grounding s'est produit. Devant son écran, elle découvre, totalement incrédule, la situation catastrophique du transporteur. Rien ne laissait pourtant augurer un tel désastre. Quelques mois auparavant, la jeune femme recevait encore une prime en plus de son salaire.
Pour ses ex-collègues, c'est une douche encore plus froide. Certains se retrouvent à l'autre bout du monde, coincés à terre et sans pouvoir retirer le moindre dollar dans les hôtels qui d'habitude leur fournissaient du cash. Désormais, plus personne ne veut faire crédit aux salariés de Swissair tant que la compagnie n'a pas réglé ses factures.
Un job de rêve mais exigeant
"On était accueilli comme des rois, on nous déroulait le tapis rouge", se souvient Mélanie Freymond, des étoiles dans les yeux, quand elle évoque ses années de service en tant qu'hôtesse de l'air. À 20 ans, elle découvre la Chine, l'Afrique, le Japon ou encore l'Afghanistan. Les équipages logent dans des établissements 4 à 5 étoiles. Ils sont complètement pris en charge pendant les escales. Des conditions qui font rêver, mais la compagnie attend aussi beaucoup de son personnel.
"On était loin d'être des serveurs de poulet en barquette" rigole-t-elle. La formation était exigeante surtout question sécurité. "On était censé pouvoir faire évacuer un appareil avec une capacité de 220 passagers en 60 secondes. Il vaut mieux être au taquet!"
Des milliards de dette et une réputation en miette
L'excellence qui a fait la réputation de Swissair ne vaut hélas plus grand-chose en ce mois d'octobre 2001 face à une dette qui se compte en milliards de francs. Après deux jours d'attente et de vols suspendus, le Conseil fédéral et les banques octroient 900 millions de francs suisses d'aide. De quoi permettre au transporteur d'assurer provisoirement un tiers de ses liaisons. Mais la réputation de la compagnie est définitivement perdue et les montants engagés ne suffiront pas à éviter sa disparition en mars de l'année suivante. De ses cendres naîtra Swiss qui appartient au groupe allemand Lufthansa depuis 2005.
Quant aux anciens dirigeants du transporteur aérien, ils ont finalement passé un accord avec le liquidateur chargé de la faillite du groupe. Un compromis signé en décembre dernier seulement et pour un montant "dérisoire" de moins de 3 millions de francs! Mélanie, elle, n'aura pas de pincement au cœur le 2 octobre, jour anniversaire du Grounding "Je garderai les beaux souvenirs, uniquement!"