Le Hamas discute d'un cessez-le-feu au Caire

L'armée israélienne poursuit ses bombardements massifs dans le sud de la bande de Gaza, où l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a dénoncé les conditions d'acheminement de l'aide humanitaire à la population qui vit dans des conditions désastreuses.

Des soldats de l'armée israélienne montent la garde vendredi à un poste près de la frontière entre Israël et Gaza. © KEYSTONE/EPA/ATEF SAFADI
Des soldats de l'armée israélienne montent la garde vendredi à un poste près de la frontière entre Israël et Gaza. © KEYSTONE/EPA/ATEF SAFADI
Un convoi d'ambulances israéliennes sur une route menant à la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d'Israël. © KEYSTONE/EPA/ATEF SAFADI
A Rafah vendredi, après un bombardement de Tsahal. © KEYSTONE/AP/Fatima Shbair
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Au 84e jour de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent menée depuis Gaza par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, une délégation du mouvement islamiste palestinien se trouve au Caire pour discuter d'un projet égyptien visant à mettre un terme progressif aux combats.

Après une nouvelle nuit de bombardements meurtriers, qui se concentrent dans le centre et le sud de la bande de Gaza, des Palestiniens ont accouru vendredi à l'hôpital al-Aqsa, à Deir al-Balah (centre), pour identifier les corps de proches.

Des secouristes portent des blessés - hommes, femmes et enfants -, aux vêtements tachés de sang. Certains sont soignés à même le sol.

La population "épuisée"

Les quelque 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, dont 85% ont dû fuir leur foyer selon l'ONU, continuent d'être confrontés à une situation humanitaire désastreuse.

"La population traumatisée" et "épuisée" s'entasse sur "une parcelle de terre de plus en plus réduite" dans le sud du territoire, a déclaré sur X le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.

Israël a imposé un siège complet à la bande de Gaza depuis le 9 octobre, et l'aide humanitaire n'entre qu'au compte-gouttes, après inspection, principalement via le poste-frontière de Rafah.

Face à l'insuffisance criante de l'aide, les Gazaouis sont en "grand danger", a averti l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ), son chef se disant notamment "très préoccupé" par la menace croissante posée par les maladies infectieuses..

"La quantité d'aide acheminée, nécessaire et urgente, continue d'être limitée et rencontre de nombreux obstacles logistiques", a dénoncé le commissaire général de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, dans un communiqué, rappelant que "toutes les parties" doivent faciliter l'accès de l'aide humanitaire.

"Extrêmement chers"

Vendredi, l'agence de l'ONU a aussi affirmé qu'un de ses convois d'aide avait été visé par des tirs de l'armée israélienne, sans faire de blessé. Interrogée, l'armée israélienne a indiqué "vérifier" l'information.

Un vendeur du marché de Rafah s'est réjoui vendredi de l'arrivée sur ses étals, pour la première fois depuis le début de la guerre, "d'oeufs et de quelques fruits" en provenance d'Egypte. Mais, pour le reste, "il manque de tout" et les légumes disponibles "sont extrêmement chers".

Plan égyptien

Alors que les opérations militaires israéliennes se poursuivent sans répit, une délégation du Hamas est arrivée au Caire selon une source proche du mouvement palestinien pour discuter d'un plan égyptien devant aboutir à un cessez-le-feu, une mince lueur d'espoir.

Doté de trois étapes, le plan égyptien prévoit des trêves renouvelables, des libérations échelonnées d'otages et de prisonniers palestiniens et, à terme, une cessation des hostilités.

Au Caire, la délégation du Hamas, mouvement classé comme terroriste par l'Union européenne, les Etats-Unis et Israël notamment, doit transmettre "la réponse des factions palestiniennes". Celle-ci "comporte plusieurs observations", notamment "sur les modalités des échanges prévus et le nombre de prisonniers palestiniens qui seront libérés, et sur l'obtention de garanties pour un retrait militaire israélien total" de Gaza, a affirmé à l'AFP un responsable du mouvement islamiste ayant requis l'anonymat.

"Nous sommes en contact (avec les médiateurs égyptiens)", a déclaré de son côté jeudi le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Nous travaillons à tous les ramener", a-t-il dit lors d'une rencontre à Tel-Aviv avec des proches d'otages.

La Cour internationale de justice a en outre annoncé vendredi que l'Afrique du Sud accusait Israël devant cet organe judiciaire des Nations unies de se livrer à des "actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza", des allégations rejetées "avec dégoût" par Israël.

Le Hamas a accusé de son côté Israël d'avoir détruit "plus de 200 sites" historiques et archéologiques sur les 325 que compte la bande de Gaza, selon eux, depuis le début de la guerre.

"Cessez-le-feu total"

A Rafah, Aburahman al-Ghabris dit espérer "un cessez-le-feu total". "Le peuple palestinien espère que la sécurité sera rétablie, afin de vivre en paix comme les autres nations du monde", a-t-il dit à l'AFP.

Alors que se sont multipliées depuis le 7 octobre les attaques contre Israël ou son allié américain au Proche et Moyen-Orient, menées par des groupes armés solidaires du Hamas, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "sérieusement inquiet quant à une plus grande extension" du conflit, "qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur la région entière", selon son porte-parole Stéphane Dujarric.

Vendredi, des sirènes ont encore retenti plusieurs fois dans le nord du territoire israélien, selon l'armée israélienne qui a dit avoir identifié des tirs en provenance du territoire libanais.

Deux Palestiniens ont en outre été tués vendredi par des tirs israéliens en Cisjordanie occupée, l'un après avoir été suspecté de mener une attaque à la voiture-bélier, et l'autre pour avoir tenté de lancer une bombe sur un poste militaire, selon l'armée israélienne.

En matinée, l'armée israélienne a dit avoir bombardé de nouveau des positions du Hezbollah, dans le sud du Liban, à proximité de la frontière, d'où le mouvement chiite et des groupes alliés effectuent des tirs vers Israël.

Le groupe Jihad islamique a fait état de deux morts dans ses rangs dans le sud du Liban.

Autre front, le Yémen, d'où les rebelles Houthis multiplient les tirs en direction de la mer Rouge pour freiner le trafic maritime international.

Plus de 20'000 morts

L'attaque menée par le Hamas le 7 octobre a entraîné la mort d'environ 1140 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens disponibles. Environ 250 personnes ont aussi été enlevées ce jour-là, dont 129 sont toujours détenues à Gaza, selon l'armée israélienne.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas et pilonne le territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007. Son armée y déplore la mort de 168 soldats depuis le début de ses opérations terrestres fin octobre.

Au moins 21.507 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza, dont une majorité de femmes et de mineurs, selon le dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.

ATS
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