Le kintsugi, l'art de réparer ou de se réparer
Cet art japonais propose de magnifier les cassures sur des objets du quotidien, plutôt que de les cacher.
Une vielle tasse en céramique cassée ou un bol fendu sont des objets que vous jetteriez peut-être. Mais avez-vous plutôt pensé à les réparer? Voire même à mettre en valeur leurs fêlures? Si oui, vous êtes peut-être un adepte du kintsugi.
Cet art japonais remonterait au XVe siècle. Un dirigeant du pays, l'un des shoguns, veut alors réparer un bol en porcelaine. Les artisans chinois le font alors avec des grosses agrafes, ce qui déplaît aux shoguns. Ils se tournent vers des artisans japonais et leur demandent de trouver une façon plus esthétique de remettre leur objet en état. C'est comme ça que serait né le kintsugi, avec une méthode qui dure encore aujourd'hui: appliquer de la laque saupoudrée d'or sur les cassures.
Plutôt que d'être cachée, la fissure est au contraire mise en avant. Pour certains, le kintsugi se rapproche plus d'une philosophie que d'un art. Et c'est aussi cette façon de penser qui a séduit Véronique Mooser, art-thérapeute à Chapelle, dans la Glâne:
Les clients qui poussent le cabinet de la spécialiste viennent parfois pour des traumatismes graves, comme des abus sexuels. Mais la Glânoise propose aussi de simples cours d'introduction à l'art japonais. "On peut aussi venir ici pour apprendre uniquement la technique pour réparer un objet précieux, sans réflexion thérapeutique derrière", explique-t-elle.
Mais même dans ce cas, les personnes profiteront surêment d'un aspect thérapeutique. "C'est un art qui demande du temps et de la patience, explique Véronique Mooser. "C'est donc de toute façon prendre du temps pour soi."