Le manque de neige impacte-t-il les tarifs?
Avec moins de pistes, la question de la légitimité du plein tarif se pose. Tour d'horizon des stations fribourgeoises.
L'hiver printanier a fait fondre la neige dans les stations du canton. Si les skieurs n'ont pas pu glisser sur certaines pistes, fermées à cause de la météo, les prix des forfaits ne sont pas descendus non plus, ou du moins pas systématiquement.
Dans la station de ski de Jaun (Bellegarde), durant les vacances, la plupart des pistes étaient skiables. "On a décidé au jour le jour quelles pistes pouvaient être ouvertes", explique Barbara Schorro, directrice des remontées mécaniques à Jaun et Jaun tourisme. "Mais la piste de luge n'a malheureusement pas tenu et on a dû la fermer avant la semaine de Carnaval."
Les pistes reliées au télésiège n'étaient pas non plus prêtes durant les vacances. Pour contrebalancer cette offre réduite, la station gruérienne dispose d'un prix particulier en fonction des pistes ouvertes.
Si on ne peut pas tout offrir, c'est clair que pour nous, il faut adapter les prix.
Lorsque le télésiège ne tourne pas, impossible d'atteindre la partie supérieure du domaine: il faut se contenter du bas. Ainsi, un tarif adapté semble logique, d'après Barbara Schorro. "Si on ne peut pas tout offrir, c'est clair que pour nous, il faut adapter les prix." De base, le montant pour une carte journalière adulte s'élève à 42 francs. Le tarif diminué est décidé en fonction des conditions et peut varier, mais est automatiquement offert aux clients s'il est mis en place.
Cette réduction est maintenue, malgré le fait que les coûts liés à l'exploitation du domaine soient plus ou moins identiques, indépendamment du nombre de pistes ouvertes. Pour savoir ce qu'il en est au jour le jour, chaque matin, le site internet des remontées mécaniques de Jaun actualise le nombre de pistes ouvertes.
"Être correct avec le client"
Telle est la devise du côté de La Berra. Avec des conditions plutôt bonnes, la station a pu mettre à disposition quelques pistes durant la période carnavalesque, notamment grâce aux canons à neige. "On est une station familiale, donc les enfants ont pu apprendre à skier chez nous", souligne Bruno Sturny, directeur des remontées mécaniques de La Berra. Normalement, un adulte paie 41 francs pour skier une journée entière sur place.
Mais malgré les conditions relativement bonnes, le domaine n'a pas pu être exploité dans son entièreté. Ainsi, la station a mis en place, comme le veut sa charte, un tarif compensatoire. "Du moment où toutes les pistes ne sont pas ouvertes, si par exemple le Gîte d'Allières est fermé, on propose des tarifs préférentiels."
Bruno Sturny mise sur la transparence à ce niveau-là: "C'était l'hiver passé comme ça, ce sera la même chose au prochain hiver. On est correct avec nos clients: je suis d'avis qu'on ne peut pas demander plein tarif alors qu'on n'a qu'un tiers ou la moitié du domaine qui est ouvert." Aujourd'hui, les conditions sont encore meilleures, avec le retour du froid. "Le ski-club a même pu venir s'entraîner", souligne Bruno Sturny.
Trouver un compromis
À Charmey, ce mardi, seules trois pistes sur dix étaient ouvertes aux skieurs. Malgré cette offre diminuée, le prix du forfait est resté inchangé: 43 francs la journée pour un adulte. "Plutôt que de fixer les prix sur la quantité d'offres que l'on peut proposer, on tarife par rapport au temps passé sur le domaine", explique Claude Gendre, directeur de TéléCharmey SA. Autrement dit, on ne paie pas pour 3 pistes, mais pour quatre heures sur ces trois pistes. Cette formule a été mise en place pour pallier l'offre de base, "qui pourrait paraître élevée au vu du nombre de pistes ouvertes", indique Claude Gendre. "Notre tarif permet aux gens de skier durant quatre heures, et ensuite de rester au sommet des remontées mécaniques. Là, ils peuvent profiter de toutes les autres activités gratuites et redescendre à l'heure de leur choix."
Si la plainte est démontrée, on a déjà proposé un remboursement ou un bon cadeau.
D'autre part, avec les remontées fermées et le personnel réduit à cause du manque de neige, les coûts ne devraient-ils pas être moins importants que lors d'une saison enneigée? "C'est toujours discutable", répond Claude Gendre. "Avec une saison difficile comme celle-ci, les heures d'enneigement technique, de damage et de préparation font qu'on a observé des journées avec seulement quelques pistes ouvertes, mais qui ont nécessité autant d'heures de travail que si le domaine entier était ouvert."
Et pour ce qui est de l'impact du Magic Pass sur la situation, il serait négligeable. "On a environ 47% de nos visiteurs qui sont détenteurs du Magic pass, donc une grosse partie de la clientèle n'en dispose pas", insiste Claude Gendre.
Des évolutions sur les ouvertures des pistes peuvent avoir lieu dans le courant d'une journée et modifier le programme des amateurs de descente. "Si la plainte est démontrée, on a déjà proposé un remboursement ou un bon cadeau", précise encore le directeur de TéléCharmey.
Pas besoin de changer
Enfin, sur le domaine skiable du Lac Noir, inutile de se poser la question d'une adaptation du tarif. "Presque toutes les pistes étaient ouvertes sur la période de Carnaval, seules deux pistes rouges ont été fermées une partie de la semaine", indique Kurt Waeber, directeur des remontées mécaniques. Il faut dire que les 80% des pistes du site sont appuyés par la neige technique.
La station n'a ainsi pas de prix officiel prévu si trop peu de pistes venaient à être disponibles. Le tarif journalier pour un adulte reste donc à 44 francs. "Bien sûr, en fin de saison, il faut gentiment fermer piste par piste. Mais on n'est normalement pas concerné par la fermeture d'une majorité des pistes simultanément", précise Kurt Waeber. Le directeur des remontées a bon espoir de pouvoir finir la saison en beauté, comme prévu, à la mi-mars.