Pape François: "ne pas céder à la logique des armes"

Lors de la messe de Pâques, le pape a axé son discours sur les conflits actuels. Il appelle à lâcher les armes et œuvrer pour la paix.

Bain de foule pour le pape François dimanche au Vatican. © KEYSTONE/AP/Alessandra Tarantino
Bain de foule pour le pape François dimanche au Vatican. © KEYSTONE/AP/Alessandra Tarantino
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"Ne laissons pas les hostilités en cours continuer à toucher gravement la population civile qui est maintenant épuisée, surtout les enfants", a exhorté le pape de 87 ans lors de sa bénédiction "Urbi et Orbi" ("A la ville et au monde").

"La guerre est toujours une absurdité et une défaite! Ne laissons pas les vents de la guerre souffler toujours plus fort sur l'Europe et sur la Méditerranée. Ne cédons pas à la logique des armes et du réarmement", a ajouté le pape argentin depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.

Citant plus d'une dizaine de pays en proie à la guerre lors d'un vaste tour d'horizon des conflits internationaux, il a renouvelé son appel à la libération des otages israéliens et à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et exhorté à "un échange général de tous les prisonniers entre la Russie et l'Ukraine".

60'000 fidèles

Quelques minutes plus tôt, à bord de sa "papamobile", François, souriant et apparemment en bonne forme, a longuement salué et béni les quelque 60'000 fidèles présents, sous les acclamations d'une foule massée derrière les barrières, dans les allées de la place Saint-Pierre.

"Viva il Papa!", ont crié les pèlerins, smartphone à la main ou agitant des drapeaux, sous un important dispositif de sécurité.

Le pape François salue les fidèles après avoir célébré la messe de Pâques sur la place Saint-Pierre au Vatican. Crédit photo: KEYSTONE

Le chef de l'Eglise catholique, arrivé en fauteuil roulant sous un ciel couvert, a présidé la cérémonie de près d'une heure et demie depuis l'estrade ornée comme chaque année, de riches décorations florales.

Rythme effréné

Vendredi, François avait relancé les spéculations sur son état de santé après l'annulation à la dernière minute de sa participation au traditionnel Chemin de croix au Colisée.

Le Vatican avait précisé que cette mesure avait été prise "pour préserver sa santé en vue de la veillée" de samedi "et de la messe du dimanche de Pâques".

De fait, il a pu présider normalement la veillée pascale samedi soir sans montrer de fatigue malgré les deux heures et demie de célébration solennelle. Il a notamment prononcé une homélie de dix minutes en italien, sans difficulté particulière.

L'annulation de vendredi - intervenue quelques instants avant le début de la cérémonie, obligeant les organisateurs à retirer à la hâte le fauteuil papal - et la communication laconique du Vatican ont contribué à relancer les interrogations sur la santé chancelante de Jorge Bergoglio.

Temps fort du calendrier liturgique catholique, la Semaine Sainte, qui implique de nombreuses cérémonies s'achevant avec Pâques, peut s'apparenter à un marathon pour un octogénaire qui se déplace depuis deux ans en fauteuil roulant.

François est récemment apparu fatigué et a été contraint à plusieurs reprises de déléguer la lecture de ses discours, en invoquant une bronchite pour laquelle il avait passé des examens dans un hôpital de Rome fin février.

Il avait également abandonné la lecture de son homélie du dimanche des Rameaux, sans explication.

Malgré une lourde opération de l'abdomen en 2023, François, qui ne prend jamais de vacances, continue de se soumettre à un rythme effréné au Vatican, où il peut recevoir une dizaine d'interlocuteurs en une matinée.

Porte ouverte à une éventuelle renonciation

Son âge et sa santé précaire semblent toutefois le rattraper: il n'a plus voyagé depuis sa visite à Marseille (sud de la France) en septembre et a dû annuler son déplacement à Dubaï pour la COP28 en décembre, en raison d'une bronchite.

Dimanche, le ministère indonésien des affaires religieuses a annoncé qu'il se rendrait le 3 septembre dans le pays à majorité musulmane, un voyage qui doit être associé à la Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Timor Oriental, mais que le Vatican n'a pas officialisé jusqu'ici.

François a toujours laissé "la porte ouverte" à une éventuelle renonciation, dans la lignée de son prédécesseur Benoît XVI. Mais dans une autobiographie publiée mi-mars, il a redit ne pas avoir de "raison sérieuse" de renoncer à sa charge, une "hypothèse lointaine" qui se justifierait seulement en cas de "grave empêchement physique".

ATS
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