Grève chez Samvaz: pas d'accord trouvé

Le personnel de l'usine de bois s'est mis en grève vendredi. Avec le soutien d'Unia, il demande un plan social "digne" pour la trentaine de personnes licenciées.

Chez Samvaz, les négociations atteignent un point de rupture. Le personnel de l'usine bois a entamé une grève ce vendredi matin à 7h. Une quinzaine de collaboratrices et collaborateurs occupent le site du Bourg. "L’entreprise a formulé jeudi une proposition qui a scandalisé l’ensemble du personnel", dénonce le syndicat Unia. Les salarié·es réclament la négociation d’un plan social équitable ainsi que le versement immédiat des arriérés de salaire prévus par la convention collective de travail (CCT) de l’industrie du bois, à laquelle l’entreprise est assujettie.



Avec la fermeture annoncée de l'usine d'ici fin septembre, une trentaine de personnes vont perdre leur emploi.

Sur place, l’ambiance semblait calme tôt ce vendredi, mais les paroles sont lourdes de ressentiment. "Je ressens de la révolte, et aussi un peu de tristesse, parce qu’on ne voulait pas que ça se termine comme ça", confie une collaboratrice* qui a travaillé plus de dix ans dans la production. "Je cherche déjà un nouvel emploi, mais je n’ai aucun CFC, rien du tout, et j’ai des enfants à charge."

Les grévistes affichent solidarité et détermination. "Certains de mes collègues ont 50 ans ou plus. À cet âge, ce ne sera pas facile de retrouver du travail", souligne un autre employé*.

Une offre jugée insuffisante

Jeudi, la direction a proposé d’anticiper la fin des contrats à fin juillet. Selon les chiffres communiqués par Unia, cette offre comprenait une prime unique de 7400 francs, assortie d’une indemnité de 500 francs par année de service. Un soutien complémentaire était prévu pour les personnes proches de la retraite.



Cette proposition a été aussitôt rejetée par les grévistes, "sans réel temps de réflexion", déplore la direction.

Pour Yannick Ferrari, membre d’Unia Fribourg, l’indemnisation est loin d’être suffisante. "La majorité des gens ont une quarantaine d’années et neuf ans d’ancienneté. Pour eux, cette offre représente environ deux mois de salaire. Et même avec le chômage, cela ne leur permettrait pas de s’en sortir financièrement."

Vendredi vers 8h30, une partie de la direction s’est rendue sur le site pour demander au personnel de rendre ses clés — une demande immédiatement refusée par les grévistes et Unia. L’entreprise maintient à présent sa proposition initiale, avec une fin des contrats fixée au 30 septembre, mais elle n’a pas souhaité faire de déclaration devant les médias. "La grève se poursuivra jusqu'à l'obtention d'un plan social digne", prévient le syndicat.

Des salaires dus

Au-delà du plan social, le syndicat dénonce également des arriérés de salaire.
"La direction ignorait que l’entreprise était soumise à une CCT, alors même qu’elle arborait le label Bois Suisse", affirme Yannick Ferrari. "Les salaires minimaux n’ont pas été respectés depuis 2017. Certaines personnes touchaient 2900 francs par mois, alors que la CCT prévoit entre 4500 et 4600 francs après trois ans d’ancienneté dans la branche."

L'entreprise devra payer ces arriérés sur cinq ans, conformément à la loi.

En mars dernier, Samvaz avait déjà annoncé la fermeture de son site de Châtel-Saint-Denis, entraînant le licenciement de 33 personnes. Cinq postes devaient être transférés à l'usine de métal. Faute de plan social satisfaisant, le personnel avait alors débrayé le 25 juin.

Frapp - Alexia Nichele
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