Marc Devaud: "Je pars frustré, mais pas aigri"

Le directeur général de l'HFR prend sa retraite anticipée. A l'heure du bilan, il estime que l'Etat doit s'engager davantage.

Marc Devaud n'a pas eu le temps de faire des plans pour la suite, il était dans le rush jusqu'au bout © HFR

"Je n'ai pas eu le temps de penser à moi", rigole Marc Devaud. Le directeur général de l'Hôpital fribourgeois accomplissait son dernier jour de mandat vendredi. A 61 ans, le Fribourgeois aura passé la majeure partie de sa carrière professionnelle au sein de l'établissement hospitalier. Infirmier de formation, reconvertit dans l'informatique - c'est lui qui a informatisé les services de l'HFR - il en était le patron depuis 2018.

Je pars frustré mais pas aigri

Une véritable "lessiveuse", c'est en ces termes qu'il qualifie ses 7 ans à la tête de l'Hôpital. Après la crise du Covid et les premières mesures de réorganisation, Marc Devaud pense voir le bout du tunnel. Fin 2022, l'HFR est proche de l'équilibre. Mais l'inflation balaie les espoirs du directeur général. L'Etat annonce une indexation des salaires des fonctionnaires et paie pour la police, les enseignants et le personnel administratif. Mais pas pour les collaborateurs et collaboratrices de l'Hôpital. Le hic, rappelle Marc Devaud, c'est que l'établissement ne peut pas augmenter ses prix pour compenser, sans négociations avec les assurances.

Depuis, Marc Devaud et ses équipes vivent sous pression économique constante. Mais les mesures prises - fermeture de sites, réduction d'heures d'ouverture de certains services, licenciements avec tout dernièrement l'annonce de suppression de 90 postes - ne suffisent pas. L'avenir de l'HFR, comme hôpital de soins aigus, reste incertain. 

"Je pars frustré, mais pas aigri", souligne le sexagénaire. Et quand même un peu fâché contre l'Etat, propriétaire de l'HFR. Le Canton réclame des économies conséquentes, tout en souhaitant conserver un hôpital fort et formateur pour les nouvelles générations. "Il faut que tout le monde se mette autour de la table pour discuter, l'HFR ne doit pas être le seul à devoir décider". 

Avoir ce dialogue avec le Canton et redéfinir ce qui est possible. C'est ce que devra faire son successeur, Philipp Müller, ancien directeur administratif et financier du CHUV. A lui aussi d'expliquer les décisions au personnel, pour réduire les tensions et les craintes sur l'avenir de l'établissement.

Marc Devaud lui veut "passer à autre chose", même si c'est difficile de quitter ses équipes. En allant servir la soupe dans les différents services, le directeur général a pu les saluer. Et constater que la grogne contre les coupes financières n'a rien de personnel, bien au contraire. I

Rien de prévu

"Le plus dur, ce sera de rendre les clés" confie encore Marc Devaud. Il n'a rien prévu de précis pour la suite. Lui qui a toujours été sous pression, veut maintenant prendre du temps pour se poser. Il se verrait bien ensuite faire de la formation ou pourquoi pas de courts mandats de management. L'entretien se termine, Marc Devaud jette un coup d'oeil à sa montre...il y a des habitudes qui ont la vie dure!

RadioFr. - Sarah Camporini
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